Home Français Tant que les petites et moyennes entreprises ne seront pas pleinement mises à contribution, les lacunes du Canada en matière d’innovation persisteront

Tant que les petites et moyennes entreprises ne seront pas pleinement mises à contribution, les lacunes du Canada en matière d’innovation persisteront

by Cody MacKay
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Selon un rapport récent, 97,9 % des entreprises canadiennes comptent moins de 99 employés et emploient presque 70 % de la main-d’œuvre du secteur privé. De 2012 à 2016, la contribution des petites entreprises représentait plus de 51 % du PIB.

Autrement dit, les politiques qui ne visent pas à résoudre les défis uniques que pose l’innovation pour les petites entreprises ne parviendront pas à engendrer les progrès requis pour faire avancer les choses.

Les petites entreprises ont des besoins qui varient selon les secteurs et les régions; c’est pourquoi elles sont peu réceptives aux programmes universels. Le gouvernement devrait plutôt chercher à tirer parti des structures, des espaces, des équipements et de l’expertise déjà en place. Justement, les instituts polytechniques du Canada – les plus grands établissements d’apprentissage appliqué et technique au pays — peuvent offrir ce levier précieux.

Plus de 80 % de la recherche appliquée qui s’effectue dans leurs murs répondent aux besoins des petites et moyennes entreprises. En partenariat avec l’établissement, une entreprise peut trouver des solutions à un problème chronique, explorer de nouvelles technologies ou rationaliser ses opérations. En résultent une accélération de la croissance, une amélioration de la productivité et l’accès à de nouveaux marchés.

Nos départements de recherche appliquée mettent à la disposition des entreprises des installations ultramodernes, l’expertise de leur corps professoral et l’ingénuité des étudiantes et étudiants. Ils se situent à l’avant-plan des efforts investis pour chercher des solutions à certains des grands défis que doit relever le Canada, de la santé humaine aux changements climatiques, en passant par l’implantation de la robotique dans les chaînes de fabrication. À la fin du projet, l’entreprise partenaire conserve la propriété intellectuelle du produit, puisqu’elle est souvent la mieux placée pour en réinvestir les fruits dans l’économie canadienne.

Un bon exemple est celui de l’entreprise Frontier North Adventures, qui a conçu le Tundra Buggy, un véhicule à zéro émission, en partenariat avec le Collège Red River. Son projet a bénéficié du soutien du Vehicle Technology and Energy Centre du collège; il contribue au domaine du tourisme dans le nord du Manitoba, tout en aidant à réduire les impacts environnementaux et à protéger le paysage subarctique de la province.

La recherche appliquée ne se limite pas cependant à fournir des services techniques aux partenaires. Elle favorise l’établissement, entre corps professoral et secteur industriel, de relations qui favorisent l’acquisition de nouvelles connaissances au sein même du système d’éducation. De plus, la recherche appliquée constitue une source précieuse d’apprentissage intégré au travail; elle donne aux apprenants et apprenantes l’occasion de s’exposer à des problèmes concrets et engendre un vivier de talents qui ont appris à innover.

À l’Institute for Seniors Care du Collège Conestoga, des chercheuses et chercheurs ont mis au point des moyens innovateurs d’améliorer la qualité des soins aux personnes âgées. Dans le cadre d’un projet récent, on a voulu combler une lacune dans les services donnés par les prestataires de soins non réglementés aux personnes atteintes de démence — un trouble complexe qui ne faisait jusque-là l’objet d’aucune formation officielle. On a donc élaboré de courts modules interactifs en ligne qui promettent de transformer les soins pour la démence partout au pays.

Aucun doute, la recherche appliquée engendre des retombées — mais pourquoi y accorder autant d’importance dans l’immédiat?

On n’a qu’à penser à la décision récente du fédéral de mettre en œuvre une stratégie en matière de biofabrication et sciences de la vie. Si nous voulons rétablir notre capacité de production des vaccins, il nous faudra en effet bien davantage que des candidats-vaccins viables. La recherche appliquée menée dans les instituts polytechniques peut justement offrir un accompagnement essentiel en matière de commercialisation et d’application de la technologie. Qu’il s’agisse de créer une capacité manufacturière ou d’incorporer l’internet des objets et l’analyse des données, leur expertise couvre toute la chaîne de valeurs, un facteur essentiel de réussite.

Tout aussi déterminant sera le rebond économique post-pandémie. Même si nous savons qu’un très grand nombre de petites et moyennes entreprises ont connu des difficultés, celles qui en ont le plus souffert sont les femmes et les hommes d’affaires sous-représentés.

Un tiers des entreprises détenues ou gérées par des femmes, des Autochtones ou des membres des minorités visibles s’attendent à une diminution de la demande en 2021; dans ce dernier groupe, une entreprise sur six prévoit que le prix des biens et services qu’elle offre diminuera, comparativement au dixième de toutes les organisations du secteur privé.

Un sondage récent montre que les entreprises autochtones sont beaucoup moins nombreuses que les autres à avoir obtenu l’aide dont elles avaient besoin durant la pandémie. Pourtant, ces entrepreneurs et leurs organisations proposent des idées, des produits et des procédés immensément précieux pour la société et l’économie canadienne. Ici encore, la recherche appliquée peut apporter des solutions et du soutien.

Maintenant que les élections sont derrière nous, nous pouvons dorénavant accorder toute notre attention à la relance. Le message adressé aux libéraux doit être clair : la recherche appliquée se présente comme un élément essentiel de la solution, à condition de l’exploiter et de la soutenir adéquatement.

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Photo reproduite avec l’aimable autorisation d’iStock

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