Home Français Projets d’infrastructure : la clé de la relance réside dans un réservoir de talents bien préparés

Projets d’infrastructure : la clé de la relance réside dans un réservoir de talents bien préparés

by Matt Henderson
henderson-infrastructure-ready-talent-key-to-recovery
This content was published more than two years ago. Some information may no longer be current.

En période de ralentissement économique, les investissements infrastructurels sont souvent vus comme un moyen de stimuler l’économie et d’accélérer la reprise. Aux États-Unis, le président Joe Biden vient d’annoncer un plan d’infrastructure de 2000 milliards de dollars qui vise entre autres à stimuler l’activité économique. Et bien que les progrès réalisés grâce aux 188 milliards du Plan Investir dans le Canada sont loin d’être idéaux, la vérité est que la relance économique et celle du marché du travail dans notre pays dépendront en partie de notre capacité à se mettre à l’ouvrage.

Les sommes investies aujourd’hui devront cibler quelques objectifs additionnels par rapport aux buts antérieurs. Plutôt que de chercher uniquement à résoudre le problème du chômage dans le secteur de la construction, il faudra trouver des solutions aux pertes d’emploi subies en nombre disproportionné par les femmes et les travailleurs racisés. Au lieu de se limiter à construire des ponts et des ports, investissons dans des projets qui aideront le Canada à réaliser ses ambitions en matière de relance numérique et de carboneutralité.

Au moment où le Canada prépare son plan exhaustif de relance post-Covid-19, il faut s’attacher à soutenir les personnes qui constitueront la « charpente » du projet de rebâtir en mieux.

Le succès de ce plan reposera d’abord et avant tout sur la diversification de notre réservoir de talents. Car l’industrie de la construction subissait les perturbations du marché de l’emploi bien avant que ne survienne la pandémie. Dans toutes les régions du pays, ce secteur doit en effet composer avec une main-d’œuvre vieillissante : selon les projections, il lui faudra remplacer près de 260 000 travailleurs et travailleuses – soit 22 % du bassin actuel – afin de compenser les départs à la retraite au cours de la prochaine décennie.

La diminution progressive des effectifs dans le secteur de la construction présente une magnifique occasion d’agir face à un ralentissement économique dont les conséquences se répercutent dans une large mesure sur les femmes, les personnes handicapées, les personnes racisées et les peuples autochtones. Une de nos priorités stratégiques devrait être le recrutement et le maintien, grâce à des mesures judicieuses et bien ciblées, d’un vaste réservoir de travailleuses et travailleurs. Également, les efforts entrepris jusqu’à présent pour diversifier le vivier de talents devraient être déployés à grande échelle. Et les programmes d’aide financière s’accompagner de mesures comme le jumelage, le mentorat et les services de garde.

La priorité suivante doit viser à ce que cette main-d’œuvre possède les compétences requises pour construire, réparer et entretenir d’autres types d’infrastructure, dont les services Internet haute vitesse à large bande, les bornes de recharge pour véhicules électriques et le transport public en région rurale. Compte tenu de son ambition d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, le Canada doit se concentrer davantage sur la rénovation écologique et les bâtiments passifs. Ces améliorations pragmatiques et progressives nécessiteront une main-d’œuvre prête à les réaliser.

Même si les nouvelles recrues pourront être formées en fonction de cette transition, l’apprentissage continu jouera lui aussi un très grand rôle. L’évolution des exigences professionnelles est déjà une réalité dans les secteurs de la construction, du génie, de la gestion et de l’économie verte. Avec les nouveaux investissements dans les infrastructures, il faudra accorder une attention renouvelée au perfectionnement des compétences et à la requalification, afin de s’adapter aux nouveaux matériaux de construction, à l’évolution des préférences en matière de consommation et à l’émergence de pratiques durables.

Là où il faut agir rapidement, la microcertification se présente comme une voie de plus en plus populaire pour former des individus dans des domaines nouveaux ou en développement, comme la construction en bois massif. Si nous voulons que les sommes investies répondent à nos aspirations en matière de relance numérique et verte, il sera indispensable d’aiguiller vers ce type de programmes tant les employeurs que les travailleurs et travailleuses.

Enfin, il faudra soutenir nos apprentis et en prendre soin. On ne peut plus se contenter d’attirer vers les métiers spécialisés des jeunes dont la moitié seulement iront au bout de leur formation. Il faut s’employer à établir un meilleur rapport entre l’offre et la demande.

Pour y parvenir, l’engagement pris par le gouvernement durant les élections de mettre sur pied un Service canadien d’apprentissage doit être légèrement recentré. Plutôt que d’être un autre programme de subvention salariale, ce dernier devrait définir des métiers prioritaires et coordonner des solutions élaborées localement afin d’encourager la poursuite des formations jusqu’à leur terme. De toute évidence, laisser les apprentis à la merci du marché du travail sans les soutenir adéquatement ne donne pas les résultats voulus.

Compte tenu du besoin de constituer un réservoir de talents durables, le temps est venu de s’employer sérieusement à imposer la création de postes d’apprentis dans les projets d’infrastructure financés par des fonds fédéraux.

La capacité de relancer et de revigorer l’économie canadienne dépendra de la mesure dans laquelle nous réussirons à atteindre nos ambitieux objectifs en matière d’infrastructures. Les projets ne manquent pas d’un bout à l’autre du pays; les fonds disponibles non plus, vu les 188 milliards de dollars promis. Pour rentabiliser ces investissements et réaliser tous ces projets, cependant, il faudra des gens. Par conséquent, n’oublions pas ceux et celles qui seront appelés à les concrétiser.

Read in English

Photo courtesy of iStock

Print Friendly, PDF & Email
Creative Commons License
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NoDerivatives 4.0 International License.

This means that you are free to reprint this article for any non-profit or for-profit purpose, so long as no changes are made, and proper attribution is provided. Note: Only text is covered by the Creative Commons license; images are not included. Please credit the authors and QUOI Media Group when you reprint this content. And if you let us know that you’ve used it, we’ll happily share it widely on our social media channels: quoi@quoimedia.com.

You may also like