Home Français Une conjoncture favorable à l’action fédérale face aux manques du système de santé

Une conjoncture favorable à l’action fédérale face aux manques du système de santé

by Sarah Watts-Rynard
watts-rynard-window-of-opportunity-for-feds-to-address-healthcare-deficits
This content was published more than two years ago. Some information may no longer be current.

Au Canada et partout dans le monde, les nouvelles concernant les fermetures, le chaos économique généralisé et la course au vaccin continuent de faire la une des journaux. Nos conversations de naguère sur la pluie et le beau temps tournent désormais autour des statistiques quotidiennes sur les nouveaux cas de COVID‑19, les lits occupés aux soins intensifs et la vaccination. La santé est devenue une obsession nationale et tout indique qu’elle le restera tant et aussi longtemps que le souvenir de la pandémie ne se sera pas estompé.

Voilà pourquoi le moment est particulièrement bien choisi pour réfléchir à l’avenir du système de santé au Canada –et y investir.

Depuis de nombreuses années, la question des investissements dans le secteur de la santé se résumait à l’augmentation des transferts fédéraux aux provinces. Rien de bien emballant pour qui se préoccupe d’amélioration des politiques et des programmes nationaux en la matière, mais c’était là une façon d’acheter la paix à court terme au sein de la fédération. Or la pandémie de COVID‑19 nous a ouvert une porte vers autre chose.

Les leçons à tirer de la pandémie font ressortir deux problèmes structurels que le gouvernement fédéral a les moyens de régler : celui du secteur des soins de longue durée et celui du réservoir de talents dans le domaine de la santé. Le contexte actuel laisse entrevoir une possibilité d’action politique inédite et de renouvellement de la collaboration fédérale-provinciale en matière de santé.

Tout d’abord, la pandémie a mis à nu les lignes de faille au sein du système de soins de longue durée. Les effectifs se sont avérés inadéquats pour répondre aux besoins des personnes âgées après qu’on eut limité les visites des membres de leur famille. Aux dires de tous, les équipements de protection personnelle étaient en nombre insuffisant et la nécessité de les porter mal comprise. Le résultat, c’est que la mortalité chez les personnes qui avaient déjà un système immunitaire affaibli et des problèmes de santé – à savoir celles-là même à qui les soins de longue durée sont censés s’adresser – a atteint des taux effarants.

Avec l’espérance de vie qui s’allonge, les soins aux personnes âgées deviennent une réalité avec laquelle le fédéral doit composer. Le temps est venu de bouger et de donner au ministre des Aînés le pouvoir d’établir des normes nationales sur la prestation des soins dans les résidences pour aînés et la formation du personnel. Ce seraient là des mesures appropriées et opportunes, qui seraient sans aucun doute bien accueillies par les innombrables familles qui se sont vu refuser depuis un an la possibilité de visiter leurs proches, de défendre leurs intérêts et de les soutenir.

S’il y avait volonté de la part du fédéral, les capacités, elles, ne manquent pas. À titre d’exemple, les instituts polytechniques possèdent une vaste expertise en recherche appliquée sur les soins aux personnes âgées et le vieillissement en bonne santé. Ils comptent parmi les plus importants établissements de formation d’une main-d’œuvre compétente et diplômée, plutôt qu’improvisée et mal préparée.

Étant donné qu’un grand nombre des problèmes touchant les soins aux personnes âgées concernent les normes en matière de formation, le fédéral doit faire preuve d’ambition à ce chapitre. Depuis plus d’un an, le personnel de première ligne a été poussé à ses limites dans tous les secteurs, chaque nouvelle vague pandémique apportant son lot de difficultés.

Une partie de la solution réside dans la formation professionnelle et le perfectionnement des compétences, auxquels il faudra accorder une importance beaucoup plus grande. Chez Polytechnics Canada, nous avons eu vent notamment de programmes de microcertification pour renforcer les effectifs de vaccination et d’amélioration des compétences pour infirmières spécialisées en soins intensifs. Il faut considérer les investissements dans le perfectionnement et la requalification tant comme un enjeu de santé qu’une priorité en matière de formation de la main-d’œuvre. Le fait de proposer ce genre de cours ne suffit pas – les travailleurs et travailleuses doivent être encouragés, soutenus et dirigés vers des programmes de formation continue de grande qualité.

Un autre moyen de soutenir le système de santé consisterait à faciliter l’entrée des nouveaux diplômés et diplômées sur le marché du travail.

Alors que les étudiants et étudiantes à un stade avancé de leurs études dans plusieurs domaines essentiels ont pu rejoindre de façon accélérée les rangs des effectifs de santé au printemps dernier, leurs successeurs ont eu du mal à décrocher les stages indispensables à l’obtention de leur diplôme professionnel. Si les occasions d’apprentissage intégré au travail se sont raréfiées, ce n’est pas en raison du manque de travail, mais bien à cause d’un système surchargé et dépourvu des ressources requises pour offrir des expériences de travail concrètes.

Les instituts polytechniques ont trouvé des moyens ingénieux de continuer à proposer un apprentissage pratique offert essentiellement à distance, mais des investissements dans l’infrastructure numérique du secteur postsecondaire (simulateurs, réalité virtuelle et augmentée, laboratoires de haute technologie et salles de classe multimédias) les aideraient grandement à préparer leurs nouvelles recrues à travailler dans des domaines en forte demande. En plus de fournir des solutions de formation et d’apprentissage en temps de pandémie, les fonds investis ouvriront des perspectives prometteuses dans des domaines comme la santé numérique et la prestation des soins à distance.

Même si une vaste majorité de la population se réjouira de voir la pandémie disparaître une fois pour toutes, il ne faudra pas perdre de vue l’occasion qu’elle aura présentée de chercher des solutions aux lacunes révélées au cours de la dernière année. Sans aucun doute, l’une des tâches les plus importantes consistera à réinventer le partenariat fédéral-provincial. La santé et le bien-être de tous les Canadiens et Canadiennes en dépendent.

Read in English

Photo gracieuseté d’iStock

Print Friendly, PDF & Email
Creative Commons License
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NoDerivatives 4.0 International License.

This means that you are free to reprint this article for any non-profit or for-profit purpose, so long as no changes are made, and proper attribution is provided. Note: Only text is covered by the Creative Commons license; images are not included. Please credit the authors and QUOI Media Group when you reprint this content. And if you let us know that you’ve used it, we’ll happily share it widely on our social media channels: quoi@quoimedia.com.

You may also like