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Reconnaissons les compétences générales à leur juste valeur

by Keith Monrose
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La nécessité d’une stratégie nationale en matière de compétences et d’expérience s’impose

Au cœur de la pandémie de COVID‑19, les départs à la retraite et les mises à pied se sont multipliés au sein de la population canadienne, privant le monde du travail d’une expérience et d’un savoir-faire précieux. Et un grand nombre d’autres personnes se voient forcées de modifier leur plan de carrière et de se réoutiller en vitesse simplement pour survivre.

Au moment de préparer la relance économique à long terme, les décisionnaires et les établissements postsecondaires doivent veiller à ce que les jeunes aux études et les professionnels en mi-carrière acquièrent l’éventail des compétences voulues pour préparer l’avenir. Or on oublie souvent, dans les discussions sur le sujet, d’aborder la question des compétences dites « générales », qui sont fort prisées des employeurs et dont aucun milieu de travail ne saurait se passer.

Le temps est venu d’élaborer une stratégie nationale sur les compétences et l’expérience qui comporterait un cadre de reconnaissance des compétences générales. Ce serait là un moyen de combler les lacunes en la matière à l’échelle du pays et de préparer les étudiants et étudiantes à occuper les emplois de l’avenir.

Qu’entend-on par « compétences générales »?

Cette expression désigne les compétences non techniques acquises par un individu dans le but d’être efficace dans ses fonctions. À la différence du savoir-faire technique, il n’existe pas pour ces compétences, en raison de la difficulté à les quantifier, de cadre de reconnaissance formel. Pourtant, la taxonomie des compétences et des capacités établie par Emploi et Développement Canada, qui dresse une liste de centaines de compétences et d’aptitudes, en fournit de nombreux exemples, liés à la sensibilité à l’égard d’autrui, à l’intelligence émotionnelle, à la communication, à la pensée critique et à la capacité à résoudre des problèmes.

Un changement s’opère aujourd’hui en matière de recrutement : les employeurs mettent l’accent sur la « souplesse » et questionnent les candidats et candidates à l’embauche sur leur capacité à travailler au sein d’équipes et de milieux diversifiés.

Un grand nombre d’employeurs consacrent actuellement beaucoup de temps, d’énergie et de ressources à rebâtir les compétences, à faire évoluer les mentalités et à prôner une culture du travail en équipe. L’acquisition de ces compétences « générales » devrait donc être de mise pour tous ceux et celles qui étudient dans un établissement postsecondaire au Canada.

La ministre fédérale de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées, Carla Qualtrough, devrait mettre en place un cadre formel d’évaluation et de reconnaissance des compétences acquises durant les études postsecondaires – y compris des compétences générales.

Il est temps que la ministre se mobilise et invite les établissements scolaires et l’industrie à se réunir pour concevoir un cadre universel, en commençant par la formulation de définitions communes et d’une méthode d’évaluation des compétences en question. Ce n’est qu’à partir de là que les établissements et les employeurs seront en mesure de planifier plus efficacement l’affectation des compétences jugées indispensables pour relancer l’économie à court terme et assurer la prospérité économique du Canada.

En l’absence d’instrument de mesure objectif permettant de quantifier les compétences exigées par le marché du travail, les établissements postsecondaires ne peuvent pas évaluer avec précision la demande en matière de main-d’œuvre spécialisée.

Une équipe de Seneca s’applique aujourd’hui à quantifier à la fois les compétences techniques et non techniques acquises dans le cadre de ses programmes, grâce à des méthodes d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique. Notre objectif vise à cerner les lacunes en matière de compétences générales et de créer à cet égard des cheminements interprogrammes. De plus, on examine la probabilité de perturbations de l’emploi attribuables à l’informatisation tout en recueillant une information utile pour découvrir les lacunes. Notre méthodologie repose sur la taxonomie pancanadienne des compétences d’Emploi et Développement social Canada. Elle constitue un exemple de voie à suivre pour établir un instrument d’évaluation des compétences générales, susceptible d’être utile à l’ensemble des établissements scolaires et secteurs d’activités.

Une partie de cet exercice nécessaire consiste à examiner d’un œil différent les programmes postsecondaires conventionnels, à savoir : passer en revue les compétences et les expériences sous‑jacentes afférentes à chacun d’eux, les quantifier et les harmoniser aux systèmes de classification des emplois. Grâce à cette approche, une personne convoquée à une entrevue d’embauche pourra présenter à son employeur éventuel non seulement son CV, mais également une liste concrète de compétences et d’expériences de travail correspondant à un emploi précis.

Une stratégie nationale en matière de compétences et d’expérience conduirait à la création d’un catalogue commun à partir duquel les pédagogues pourraient élaborer des programmes scolaires. Les étudiants et les étudiantes acquerraient ainsi des compétences de base clairement définies, que les employeurs seraient en mesure d’évaluer.

L’obtention d’un diplôme ne s’accompagne d’aucun document officiel confirmant que son détenteur ou sa détentrice a acquis ces compétences fort recherchées. Sans instrument permettant de les quantifier, les marchés du travail sont incapables de juger de l’apport en main-d’œuvre qualifiée provenant des établissements scolaires. Le marché des compétences transférables reste opaque. Cela limite, en fin de compte, notre capacité à combler – durant et après la pandémie – les lacunes relevées dans les différents secteurs d’activité, dans une économie en difficulté et en pleine transformation.

Notre incapacité systématique à définir les compétences générales et à les reconnaître formellement nuit considérablement à l’implantation des changements qui s’imposent pour former et valoriser notre capital humain en ce 21e siècle.

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Photo gracieuseté d’iStock

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