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Les dentistes, grands oubliés du secteur de la santé en temps de pandémie

by Tala Maragha
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désormais la période précédant l’apparition de la COVID‑19, les dentistes exerçaient déjà un métier très exigeant, qui comporte d’importants facteurs de stress nuisibles à la santé mentale. De fait, la profession affiche l’un des taux les plus élevés de dépression et de suicide parmi chez les prestataires de soins. Aux États-Unis, le taux de suicide chez les dentistes est deux fois plus élevé que dans la population générale et trois fois plus que dans les autres professions de santé.

Aujourd’hui, la présence des dentistes parmi les prestataires de soins qui sont à pied d’œuvre depuis le début de la pandémie passe largement inaperçue. Nous les avons oubliés, tant comme propriétaires d’entreprise obligés de débourser des sommes importantes pour maintenir leurs activités et protéger leur personnel, que comme intervenant(e)s de première ligne qui accomplissent un travail essentiel nécessitant un équipement de protection personnelle (EPP) afin de protéger leur vie.

Le niveau de stress a atteint des sommets au sein de la profession.

Cette situation n’est probablement pas une bonne chose pour notre santé buccodentaire. Les études confirment que l’état de santé du prestataire a une incidence directe sur la qualité des soins aux patients. Alors, qu’est-ce qui rend la dentisterie aussi stressante?

Selon les recherches, il arrive que les dentistes intériorisent les peurs et l’anxiété de leurs patients à l’égard des soins dentaires. De plus, ils travaillent souvent au sein de petites équipes et peuvent se sentir isolés. À l’opposé des professions où les membres d’une équipe sont nombreux, le caractère solitaire de la profession peut amplifier les effets néfastes sur la santé mentale des dentistes puisqu’ils et elles travaillent en vase clos.

Par ailleurs, les dentistes sont habituellement des travailleur(euse)s autonomes propriétaires d’entreprise, qui assument des responsabilités en matière de personnel et de gestion financière. Cet aspect peut nuire à l’équilibre travail-vie privée. Il rend aussi plus difficile la possibilité de prendre congé, en particulier pour des périodes prolongées, afin de prendre soin de soi ou de problèmes de santé mentale éventuels.

La pandémie de COVID-19 et les fermetures qu’elle a occasionnées ont ajouté à cette situation complexe.

À l’instar de nombreux autres propriétaires d’entreprise, les dentistes subissent des pressions supplémentaires attribuables au prolongement des heures d’ouverture et à la baisse du nombre de patient(e)s, ce qui a causé des mises à pied et des pertes de revenus significatives. Les cabinets restés ouverts ont réduit leurs services pour s’occuper exclusivement des urgences. Ils ont dû en outre adapter leurs protocoles en matière de désinfection et de stérilisation, ce qui a alourdi leur fardeau.

Même si on ne les considère pas comme des intervenant(e)s de première ligne, bon nombre de dentistes ont dû prendre en charge des cas urgents susceptibles de s’aggraver et de mettre la vie du patient(e) en danger. À cela s’ajoute la crainte de contracter la COVID-19 – et de la transmettre aux membres de leur famille.

Des dentistes de toutes les régions du Canada ont exprimé un besoin d’être conseillés et de voir leurs organismes de réglementation et leurs associations défendre leurs intérêts, pour les aider à affronter la tempête et à exercer leur métier en connaissant les mesures à suivre pour protéger leurs patients, leur personnel et eux-mêmes. Au début de la crise, bien que le matériel de protection supplémentaire complique le travail du dentiste puisqu’il gêne les mouvements, nous réclamions partout de meilleurs EPP sans les obtenir.

Même si de nombreux mois se sont écoulés depuis le début de la phase « aiguë » de la pandémie, l’accès à un équipement de protection adéquat continue de préoccuper les dentistes et certains facturent des frais supplémentaires pour couvrir leurs dépenses.

Il existe des moyens d’aider les dentistes à combattre le stress.

Une première mesure essentielle consisterait à multiplier les programmes de mentorat et de soutien au sein des écoles de dentisterie et de la communauté des dentistes. Le personnel enseignant et les associations professionnelles devraient se charger de cette tâche et s’appuyer sur des approches proactives favorables au maintien de la santé mentale et du bien‑être.

De plus, on pourrait organiser des groupes d’entraide en s’inspirant d’initiatives à petite échelle comme le Dentist Wellness Program (DWP) de la British Columbia Dental Association (BCDA), qui offre aux dentistes et aux membres de leur famille des services de counselling.

Également, les gouvernements pourraient veiller, comme ils l’ont fait pour les médecins et les infirmières, à faciliter l’acquisition par les dentistes de matériel de protection adéquat, maintenant qu’ils ont repris du service et offrent de nouveau des soins réguliers.

Il est essentiel de protéger la santé mentale et le bien-être de nos dentistes, car ils interviennent eux aussi en première ligne pour le bien de la population canadienne. Faisons en sorte de redonner à cette profession de santé oubliée la place qui lui revient.

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Photo gracieuseté de Pixabay

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