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Le gouvernement fédéral doit se pencher sur le coût élevé des aliments dans le Nord

by Zoe Elverum
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La plupart des gens associent l’Arctique canadien aux ours polaires, aux températures froides et fort probablement, au coût élevé de la vie. Depuis des années, l’insécurité alimentaire et le prix élevé des aliments prennent des proportions épidémiques un peu partout dans le Nord. Au fil du temps, plusieurs photos et articles de presse ont attiré l’attention sur la flambée des prix des denrées alimentaires.

Un litre de jus de canneberges à 35 $, du papier de toilette à 40 $, une dinde à 100 $. Tout cela est vrai. Malgré l’attention médiatique, le problème demeure.

Le temps est venu pour le gouvernement fédéral de se pencher sur le coût élevé des aliments dans le Nord.

J’ai vécu toute ma vie dans une localité éloignée du Nunavut. En tant que consommatrice et ancienne employée de l’un des magasins de ma région, j’ai vu les effets des prix élevés des aliments sur moi-même, mes clients et la communauté.

Comme caissière, j’ai été témoin de ce qui se passe quand une mère ne peut pas acheter des denrées alimentaires pour ses enfants et j’ai dû suspendre des commandes d’aliments à la caisse parce que les gens n’avaient pas assez d’argent pour acheter ces articles. À titre de membre de ma communauté, j’ai des amis qui ne mangent pas les trois repas dont ils ont besoin chaque jour. Un de mes amis est le seul gagne-pain pour un ménage de 10 personnes.

Bien que les prix aient diminué un peu au cours des années grâce au programme de contribution Nutrition Nordfinancé par le gouvernement fédéral, les personnes dans le Nord dépensent environ trois fois plus pour des denrées alimentaires que les gens dans le Sud qui travaillent au salaire minimum.

Cet été, des cadres de chaînes d’épicerie sont venus rendre visite à nos communautés — une chose qui n’arrive pas souvent. Pourquoi? Une équipe de tournage était en train de filmer un documentaire sur la vie dans le Nord dans leurs magasins. Jamais, au grand jamais, il n’y a eu un aussi grand étalage de fruits frais dans ma localité.Curieusement, des produits ont été mis en solde dès l’arrivée de l’équipe de tournage et ces réductions ont pris fin sitôt le départ de ces visiteurs.

Nous n’attirons pas souvent l’attention dans le Nord et quand nous y arrivons, ça ne dure qu’un bref moment.

Le territoire du Nunavut compte environ 40 000 personnes. Son taux de chômage se situe en moyenne autour de 12 %. En 2017-2018, Statistique Canada a révélé que 43 % des enfants du Nunavut vivaient dans des ménages qui avaient du mal à se nourrir, avec un total de 49 % de la population en situation d’insécurité alimentaire. Si l’on combine ces statistiques, on a une crise humanitaire.

Qui sont les personnes les plus touchées?

Bien que le sujet puisse faire l’objet d’un débat, les Nunavummiuts (les habitants du Nunavut) ayant des limitations fonctionnelles sont les premières personnes touchées par les coûts élevés. Au Nunavut, environ 16 % de la population, y compris moi-même, a une limitation fonctionnelle. Tout le monde sait qu’au Canada, le coût de la vie pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles est déjà plus élevé en raison des dépenses liées à leur incapacité, comme les soins médicaux et l’équipement spécialisé.

Quelle est donc la solution?

Tout d’abord, nous devons dénoncer les entreprises et les compagnies aériennes qui réalisent des profits sur le dos des consommateurs en raison des prix élevés en publiant des photos sur les réseaux sociaux, en écrivant aux députés fédéraux ou en communiquant directement avec ces entreprises.

Toutefois, une grande partie de la solution repose sur une bonne politique fédérale. Le gouvernement fédéral doit améliorer le financement des programmes et des initiatives qui nivellent le coût de la vie dans le Nord. Un revenu d’appoint, surtout pour les personnes ayant des limitations fonctionnelles, aiderait les gens du Nord à subvenir à leurs besoins et à assurer la sécurité alimentaire.

Pourtant, malgré l’insécurité alimentaire endémique, le Nord est un endroit où il fait bon vivre et la population est des plus gentilles et accueillantes. Bien que les prix y soient peut-être élevés, les gens font de leur mieux pour aider les personnes démunies et ne ménagent pas leurs efforts pour apporter leur soutien et venir en aide à leur entourage.

J’espère seulement que le reste du Canada s’inspirera des gens d’ici et qu’il contribuera à plaider pour l’égalité des prix des denrées alimentaires dans le Nord.

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Photo reproduite avec l’aimable autorisation de l’auteur

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