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Créons une prestation sans obstacle pour les personnes en situation de handicap

by Leonard Baker
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Ayant récemment franchi l’étape de la sanction royale, le projet de loi C-22 sur la prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH) constitue une occasion sans précédent de transformer la vie des Canadiennes et Canadiens en situation de handicap en sortant celles et ceux qui sont en âge de travailler de la pauvreté et en établissant de nouveaux critères d’admissibilité plus souples, plus humains et centrés sur le bénéficiaire.

Trois ans se sont écoulés depuis l’annonce en grande pompe du projet de PCPH dans le discours du Trône 2020. La bonne nouvelle, c’est que le projet de loi C-22 a reçu l’appui de tous les partis. La mauvaise, c’est que depuis le dépôt de celui-ci, la situation des personnes en situation de handicap a continué de s’aggraver.

Il est temps de passer à l’action.

Le gouvernement fédéral doit aussi respecter son engagement de collaborer avec la communauté des personnes handicapées afin de concevoir et de fournir une prestation qui sera véritablement accessible et répondra à leurs besoins. Le nouveau rapport de la Marche des dix sous du Canada et de Prospérité Canada, Une prestation sans obstacle, peut faciliter l’atteinte de cet objectif.

Élaboré en collaboration avec des personnes en situation de handicap et des organisations qui les représentent, le rapport énonce des principes et des recommandations pour la création et l’administration de la nouvelle prestation. Ces principes et recommandations sont fondés sur l’expérience durement acquise de personnes qui ont affronté les méandres des programmes de soutien au revenu du Canada et qui connaissent très bien les défis de ce processus.

Leur avis nous permettra d’éviter la répétition des erreurs du passé et d’établir un programme de PCPH accessible à toutes les personnes admissibles. Leur voix doit être entendue.

Comme les processus de demande habituels sont parsemés d’obstacles, de nombreuses personnes abandonnent par frustration. Même celles qui réussissent à obtenir des prestations le paient parfois chèrement.

Parmi les obstacles, on trouve le manque de connaissance et d’information, ainsi qu’un processus de demande long, onéreux et complexe qui mine l’estime de soi, la dignité et la santé mentale de nombreux demandeurs. Les personnes en situation de handicap ont souvent l’impression qu’on cherche à les décourager de faire une demande plutôt que de les aider à obtenir les prestations auxquelles elles ont droit. Celles-ci ainsi que leurs proches et leurs fournisseurs de soins considèrent que le gouvernement ne leur fait pas confiance.

Demander des prestations d’invalidité, c’est aussi coûteux, car il faut payer de sa poche les évaluations de professionnels de la santé requises et assumer les frais de déplacement jusqu’au lieu de l’évaluation si l’on vit dans une communauté où ce service n’est pas offert. D’autres obstacles comme l’absence de pièce d’identité émise par le gouvernement, la difficulté de trouver un médecin et les problèmes de logement aggravent la situation et entraînent un sentiment de découragement et de défaite chez les personnes touchées.

En outre, la plupart des personnes en situation de handicap n’ont pas accès à de l’assistance individuelle pour remplir des demandes, contester des décisions et faire valoir leurs droits, un atout souvent essentiel pour réussir à recevoir des prestations.

Fournir des preuves d’un handicap peut s’avérer épuisant et déshumanisant, en particulier lorsqu’il faut le faire à répétition pour accéder à différents programmes de prestations ou pour revalider son admissibilité alors que l’incapacité est permanente et irréversible.

La PCPH doit faire mieux que les programmes en place si le gouvernement veut atteindre son objectif d’éliminer la pauvreté. Elle doit offrir une expérience humaine, empathique et respectueuse, et, par-dessus tout, ne pas faire de tort aux personnes qu’elle est censée aider.

Pour réussir, le gouvernement doit collaborer directement avec les personnes en situation de handicap lors de la conception de la prestation et du mode d’administration afin de cerner et de prévenir activement les risques des différentes options. C’est la seule façon dont il pourra s’assurer que le programme traite les personnes en situation de handicap avec respect et dignité, comme des membres à part entière de la société.

Pour commencer, le gouvernement fédéral doit admettre automatiquement toutes les personnes qui reçoivent déjà des prestations de soutien au revenu de leur province ou territoire, des prestations d’invalidité du Régime de pension du Canada ou d’Anciens combattants Canada, ou encore le crédit d’impôt pour personnes handicapées. Il doit également veiller à ce que tout le personnel d’administration de la PCPH obtienne une formation des plus rigoureuses sur la façon de communiquer avec les demandeurs et les bénéficiaires et de les aider.

Enfin, le gouvernement doit harmoniser la PCPH avec ses autres programmes d’aide aux personnes en situation de handicap et travailler avec ses homologues provinciaux et territoriaux afin de mettre à l’abri les revenus de la prestation des mesures de récupération fiscale. L’objectif consiste à réduire la pauvreté, et non à remplir les coffres des provinces et territoires ou à simplement transférer l’argent d’un programme fédéral à l’autre.

Nous pouvons créer une prestation sans obstacle, et il faut le faire maintenant. Les Canadiennes et Canadiens en situation de handicap ont attendu assez longtemps. Mettons-nous au travail.

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