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Contrer l’épuisement professionnel en attisant la passion d’enseigner

by Melissa Corrente
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Il n’est pas rare d’entendre les enseignantes et enseignants dire à quel point ils se sentent épuisés. L’épuisement professionnel est causé par un état de stress chronique qui n’a pas été géré adéquatement. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il se caractérise par un manque d’énergie, un sentiment croissant d’indifférence face à ses fonctions professionnelles et une efficacité réduite au travail.

Avant la pandémie de COVID-19, les trois principales sources de stress au travail constatées chez le personnel enseignant étaient la surcharge de travail, les interactions de piètre qualité avec l’administration et le stress numérique. Cette situation n’a pas beaucoup changé, à ceci près que le stress numérique occupe dorénavant le deuxième rang.

Dans le cadre de l’étude sur la santé mentale en milieu de travail menée par le Healthy Professional Worker Partnership à l’initiative du groupe de recherche sur le genre, le travail et les ressources humaines en santé de l’Université d’Ottawa, j’ai récemment eu l’occasion d’interviewer plus de 50 éducatrices et éducateurs de partout au Canada sur les expériences qu’ils ont vécues en matière de problèmes de santé mentale, d’absences autorisées et de retour au travail. L’étude nous a appris plusieurs choses, notamment que les cas d’épuisement professionnel chez le personnel enseignant ont atteint un nombre sans précédent; or, il s’agit d’un problème qui a d’importantes répercussions sur la fidélisation du personnel.

Ce que l’on entend le plus souvent de la part des responsables des systèmes d’éducation, c’est qu’il nous faut porter attention à la santé mentale et au bien-être du personnel enseignant et apporter des améliorations à cet égard, parce que ces deux facteurs ont une incidence sur la santé mentale et le bien-être de la population étudiante. Mais les problèmes d’épuisement professionnel des enseignants importent avant tout parce que ces derniers sont des êtres humains.

Malheureusement, les programmes et les services offerts aux enseignants dans le but d’améliorer leur santé mentale sont surtout fondés sur une approche individuelle. Or, le fait de rendre les enseignants personnellement responsables de leur « remise en état », alors que nous avons affaire à un problème d’ordre systémique, non seulement n’aide en rien à améliorer la situation, mais est également contraire à l’éthique.

Alors, que faut-il faire?

Au lieu de consacrer toutes nos énergies aux moyens de contrer l’« épuisement professionnel » des membres de la profession, attardons-nous plutôt aux façons de préserver chez eux la passion d’enseigner, comme on peut le lire dans l’ouvrage de Friedman et Reynolds intitulé Burned In : Fueling the Fire to Teach. Dans cet ouvrage, on nous invite à nous concentrer sur ce qui fonctionne bien en éducation et on propose différents moyens de favoriser la pensée positive et la résilience. Ce processus nécessite de mettre en pratique certaines compétences consistant notamment à porter attention à son état physique et mental, à établir des intentions positives et à trouver de la joie dans les petites choses.

La COVID-19 constitue, pour les intervenantes et intervenants du système scolaire, une occasion de procéder à une réflexion sur ce que nous pouvons changer, ce qui fonctionne bien et ce qui pourrait être amélioré.

Les données recueillies dans le cadre de notre étude indiquent que nous devrions mieux soutenir les enseignants qui subissent du stress et qui se sentent dépassés, en prévoyant des mécanismes de soutien en santé mentale pouvant s’intégrer à leur journée de travail.

Les programmes de formation des professeurs pourraient constituer un contexte idéal pour mettre en œuvre des mesures visant à favoriser la santé mentale du personnel enseignant.

Il faut également fournir plus de formation à l’équipe de direction de chaque établissement scolaire. Le personnel enseignant a besoin de bénéficier d’un soutien émotionnel, d’avoir accès à des ressources en santé mentale et d’entretenir des relations saines avec les administrations et les commissions scolaires. L’atmosphère qui règne dans les établissements d’enseignement a une incidence sur toutes les personnes qui y évoluent.

L’amélioration de la santé mentale des enseignants nécessite une approche pluridimensionnelle visant l’établissement de politiques qui tiennent compte du caractère particulier du travail accompli dans les milieux scolaires.

Les systèmes d’éducation et les instances gouvernementales doivent s’engager à prendre les mesures qui s’imposent et à travailler en partenariat avec le personnel enseignant.

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