Les Canadiens et les Canadiennes n’ont jamais attendu aussi longtemps pour des interventions chirurgicales non urgentes. Dans tout le pays, des retards jamais vus en chirurgie plombent les systèmes de santé en raison des vagues successives de la pandémie et des pénuries de personnels infirmiers et médicaux et d’autres professionnels et professionnelles de la santé.
Il est urgent de faire en sorte que la population reçoive des soins en temps opportun; pour ce faire, nous devons améliorer nos politiques et systèmes de santé. Il existe aussi des pratiques et des processus quotidiens que nous pouvons modifier dès maintenant pour aider à réduire les retards.
Pensons d’abord aux « soins de faible valeur », des examens et des traitements couramment prescrits même si tout indique qu’ils ne contribueront pas au mieux-être des patients et patientes — ils pourraient carrément leur nuire.
Un nouveau rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé et de Choisir avec soin analyse 12 examens et traitements de faible valeur. Il évalue les tendances à l’échelle du pays avant la pandémie de COVID-19 et pendant la première année de celle-ci. Dans l’ensemble, le rapport montre que le Canada a fait des progrès notables, l’utilisation de 8 des 12 examens ou traitements ayant diminué de 10 % ou plus entre 2014 et 2019. Toutefois, étant donné que la plupart de ces examens et traitements ne sont vraisemblablement pas nécessaires, nous pouvons faire mieux pour économiser nos précieuses ressources en santé afin de les consacrer à des soins qui sont effectivement indispensables.
Il existe plusieurs exemples de soins de faible valeur en chirurgie, dont l’arthroscopie du genou.
Cette intervention chirurgicale est appropriée pour traiter des problèmes courants, comme les déchirures ligamentaires. Mais pour les adultes de 60 ans et plus, cette opération n’offre que peu ou pas d’avantages par rapport à des options plus sûres comme le traitement par l’exercice, les injections ou les médicaments.
Le Canada a réduit son taux d’arthroscopies du genou, qui a chuté de 46 % chez les adultes de plus de 60 ans entre 2014 et 2019 — ce qui, évidemment, est une bonne nouvelle. Pourtant, 99 personnes âgées sur 100 000 subissent encore cette intervention de faible valeur chaque année.
On observe toutefois des différences entre les provinces et territoires. Ainsi, si toutes les provinces et tous les territoires imitaient Terre-Neuve-et-Labrador, qui présente le taux le plus bas, on estime que 7 500 arthroscopies du genou supplémentaires pourraient être évitées chaque année au pays, ce qui permettrait de dégager d’importantes ressources en chirurgie et de fournir des soins à des personnes qui en ont davantage besoin.
Les examens préopératoires offrent un autre exemple de soins de faible valeur. En effet, on demande parfois des examens supplémentaires avant certaines interventions à faible risque, comme la chirurgie de la cataracte. Il est cependant prouvé que ces examens — électrocardiographies, tests cardiaques à l’effort, échocardiographies ou radiographies pulmonaires — influencent rarement la décision des chirurgiens et chirurgiennes de procéder aux interventions et ne les rendent pas plus sûres; ils peuvent en outre donner lieu à d’autres examens inutiles et retarder encore les opérations.
Le rapport révèle qu’entre 2015 et 2019, les taux d’examens préopératoires avant les chirurgies à faible risque ont diminué de 17 %. Il montre toutefois qu’une personne sur cinq qui subit une chirurgie à faible risque est encore soumise à ce type d’examens.
Si toutes les provinces et tous les territoires atteignaient le taux de l’Alberta, le plus faible au Canada, on estime que 99 000 autres examens préopératoires pourraient être évités chaque année.
Le système de santé étant soumis à une pression extrême, éviter les soins à faible valeur aurait pour effet d’accélérer l’accès aux soins. Il faut abandonner certains processus, politiques et pratiques professionnelles qui remontent à plusieurs années, voire à des décennies. Les conclusions du rapport indiquent que si des progrès ont été réalisés dans la réduction de la surutilisation de certains examens et traitements, nous pouvons faire bien mieux. Les différences de taux entre les provinces et les territoires laissent entendre que nous pouvons travailler ensemble et déterminer comment différents systèmes de santé s’attaquent à ce problème de longue date.
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