Bien que notre pays ait agi avec détermination en matière de vaccination contre la COVID-19, notre système de santé sortira de la pandémie grandement fragilisé par une population vieillissante, une multiplication importante de personnes vivant avec des facteurs de risque associés à de graves maladies, une préoccupation grandissante à l’égard de la santé mentale et plus encore.
En tant qu’organisme veillant à la santé des Canadiens, il est de notre devoir de proposer des mesures qui feront en sorte que le Canada sera à l’avant-garde en matière de santé et que notre « santé collective » soit mieux outillée pour relever les défis post-pandémiques.
Bien qu’aucune mesure ne puisse régler à elle seule l’entièreté des problématiques de santé qui pèsent sur nos systèmes de santé, nous sommes heureux de constater que les trois mesures suivantes sont inclus dans les lettres de mandat de ministres Jean-Yves Duclos, Carolyn Bennett et Chrystia Freeland et bénéficieront d’un leadership fort de leur part.
Ces mesures auraient une incidence positive sur la santé de la population et ralentiraient potentiellement la progression du cancer ainsi que l’augmentation des facteurs de risques associés aux maladies cardiovasculaires et autres maladies chroniques.
Étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages : Par des symboles clairs et simples, l’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages permettrait aux consommateurs d’identifier rapidement les produits dont le « contenu est élevé » en sucre, en sodium (sel) ou en gras saturés. Ces symboles représenteraient une source d’information pratique et complémentaire au tableau de valeur nutritive, parfois difficile à comprendre, qui se trouve au dos des emballages actuels.
De plus, cette mesure inciterait les fabricants à reformuler leurs produits avec moins de gras saturés, de sodium ou de sucre afin d’éviter l’étiquette « élevé en » sur leurs emballages. Cette mesure proposée par Santé Canada serait un outil plus pratique et plus utile pour les consommateurs pressés ou peu alphabétisés.
Le gouvernement fédéral s’est déjà engagé à cet égard et un projet de règlement a d’ailleurs été publié en 2018. Le ministre Duclos devra faire preuve d’un fort leadership pour que ces mesures soient adoptées rapidement.
Restrictions sur les publicités ciblant les enfants : Les enfants sont bombardés de publicités télévisées et en ligne par une industrie qui les incitent à consommer des aliments ultra-transformés et de moindre qualité nutritionnelle. Ces habitudes de consommation, qui se sont empirées avec la pandémie, pourraient avoir un impact négatif sur la santé d’une génération qui en subira les effets pendant de nombreuses années.
La restriction du marketing alimentaire auprès des enfants a été approuvée par la Chambre des communes, mais n’a pas obtenu l’approbation finale du Sénat canadien avant le déclenchement des élections de 2019. Cette mesure est déjà en place au Québec, qui fait figure de véritable leader en la matière, et les données montrent que les taux de consommation d’aliments ultra-transformés et d’obésité y sont plus faibles. Le gouvernement fédéral doit agir rapidement pour réintroduire cet engagement vital pour la protection des enfants partout au pays.
Protections contre le vapotage : L’enquête nationale de Santé Canada réalisée en 2019 démontre que la consommation des produits de vapotage est importante chez les jeunes. Au cours des 30 jours qui ont précédé l’enquête, 22 % des jeunes de secondaires 4 et 5 avaient consommé ces produits dommageables pour la santé. En somme, les taux de consommation ont doublé par rapport aux statistiques relevées quatre ans plus tôt, et la quasi-totalité des jeunes (95 %) a déclaré avoir utilisé des produits contenant de la nicotine.
Pour renverser cette tendance et combattre le vapotage chez les jeunes, le gouvernement fédéral doit finaliser une règlementation restrictive sur les arômes et mettre en place une stratégie de taxation. Ces actions permettraient de contrecarrer l’accessibilité de ces produits et l’attrait des arômes qui attirent les jeunes et contribuent à les rendre dépendants.
Ces mesures bénéficient incontestablement de l’appui des Canadiens. Dans un sondage réalisé en décembre dernier, 80 % des Canadiens estiment que le gouvernement devrait restreindre la publicité d’aliments malsains auprès des enfants et souhaitent que le fédéral instaure l’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages. Un autre sondage réalisé en mars confirme que les Canadiens sont tout aussi favorables à ce que le gouvernement fédéral assume un leadership fort pour protéger les jeunes contre le tabagisme. Ces mesures constitueraient aussi un héritage positif de l’ère COVID-19 ainsi qu’un précieux legs pour la santé des générations futures.
Photo reproduite avec l’aimable autorisation d’iStock
