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Relançons l’infrastructure au Canada en incluant le secteur communautaire

by Andrea Dicks
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Ce fut un moment marquant de l’histoire du Canada lorsque le financier Donald Smith enfonça le dernier clou du Chemin de fer Canadien Pacifique le matin du 7 novembre 1885. La construction du chemin de fer transcontinental symbolisait le rôle de l’infrastructure et du partenariat entre le gouvernement et les entreprises dans l’édification de la nation.

Toutefois, l’achèvement du chemin de fer, bien que célébré pendant plus d’un siècle, est également un chapitre honteux de l’histoire du Canada. Les 17 000 travailleurs chinois qui émigrèrent au Canada pour aider à construire le chemin de fer furent l’objet de racisme et assujettis à la Loi sur l’immigration chinoise de 1885, qui exigeait une taxe d’entrée progressive d’exclusion. Plus de 2 200 Chinois moururent durant la construction du chemin de fer en raison des conditions de travail dangereuses. Et, bien sûr, un nombre incalculable d’Autochtones furent déplacés en même temps.

Plus de 140 ans plus tard, nous faisons face à un défi national parallèle : comment « mieux reconstruire » après la pandémie paralysante qui a exposé les mythes d’une société canadienne exempte de racisme systémique et d’inégalité sociale intégrée.

Selon son plus récent budget, le gouvernement fédéral prévoit de dépenser plus de 140 milliards de dollars dans des projets d’infrastructure du 21e siècle. C’est une bonne nouvelle. Dans des dizaines d’années, verrons-nous dans le rétroviseur des investissements qui ont reproduit et renforcé les inégalités sociales, ou célébrerons-nous des innovations en infrastructure devenues des fondements générateurs de bien-être communautaire et d’équité sociale?

Nous avons le choix. Les dépenses en nouvelles infrastructures visant à atteindre des objectifs comme des émissions de carbone nettes zéro devraient en même temps réussir d’autres tests sur le plan des résultats sociaux, mais ceci ne se produira pas avant de réviser la conception, la mise en œuvre, la gestion et l’évaluation de l’infrastructure au Canada.

Au cours du siècle dernier, le domaine de l’infrastructure était la chasse gardée du gouvernement et des partenariats avec le secteur privé. Cet arrangement bilatéral est insuffisant. L’avenir requiert en effet un partenariat à trois : le gouvernement, les entreprises et le secteur communautaire.

Comme l’a documenté Thomas Piketty, nous savons que la croissance économique à elle seule est de plus en plus inéquitable. Des études indiquent que les économies inclusives nécessitent une conception et une gouvernance proactives, sans quoi les riches s’enrichissent et les pauvres restent prisonniers en tant que classe marginale. L’obtention de résultats inclusifs découle d’une planification et d’une conception qui intègrent expressément un point de vue social.

Par exemple, les espaces publics appuyés par l’infrastructure sont le ciment de nos communautés. Ils créent un sentiment d’appartenance et de cohésion sociale, et favorisent notre identité collective. La COVID-19 a imposé d’importantes contraintes sur le plan de l’accès et de l’utilisation de ces espaces dans les collectivités partout au pays. Les répercussions du virus sont également extraordinairement diverses, soulignant les inégalités entre les collectivités et affectant de manière disproportionnée les personnes déjà en situation de vulnérabilité en raison d’inégalités systémiques.

De nouveaux modèles d’adaptation de l’infrastructure visant à renforcer l’inclusion se multiplient, ce qui prouve qu’il est possible de choisir cette nouvelle voie.

Notons l’Initiative pour des collectivités en santé, un investissement de 31 millions de dollars du gouvernement du Canada mis en œuvre par une série de partenaires pour transformer les espaces publics en réponse à la COVID-19.  Cette initiative financera un vaste éventail d’organismes, notamment des administrations publiques, des organismes de bienfaisance, des communautés autochtones et des organismes sans but lucratif, pour des projets, des programmes et des services qui aideront les collectivités à créer des espaces publics sécuritaires et vivants, à améliorer les options en matière de mobilité, et à fournir des solutions numériques novatrices afin d’accroître la connectivité sociale et d’améliorer la santé.

Les ententes sur les avantages communautaires, ou EAC, constituent un autre bon modèle qui tire parti des projets d’infrastructure afin d’élargir l’accès à des emplois, à l’acquisition de compétences et à de justes salaires pour les résidents qualifiés en intégrant expressément ces aspects au processus d’approvisionnement.

On assiste en outre à la reconnaissance croissante de la valeur de l’infrastructure bâtie pour débloquer les initiatives communautaires : les carrefours communautaires polyvalents qui jouent un rôle vital en appuyant le bien-être quotidien de la communauté, ainsi que le renforcement à plus long terme des compétences de vie, du capital social et de la confiance sociale. Par exemple, la Fondation des Centres Trinité, qui mène ses activités à l’échelle nationale, applique de nouveaux modèles d’entreprise sociale pour transformer et adapter des bâtiments d’églises en vue de répondre à des priorités communautaires, notamment l’isolement social, l’établissement de nouveaux arrivants et le bien-être économique.

On retrouve aussi les Ruches d’Art, des ateliers d’art communautaire qui accueillent tout le monde en tant qu’artiste et réagissent de manière créative à ce qui est important, ainsi que les incubateurs et accélérateurs d’entreprises dirigées par des Autochtones, qui bâtissent des tremplins d’activités économiques plus inclusives à l’aide de modèles d’affaires novateurs.

Nous pouvons reformuler le cadre stratégique des dépenses en infrastructure de sorte qu’il intègre systématiquement la transition écologique et les impératifs sociaux.

Il est possible d’avoir une infrastructure sociale et une économie visionnaires et inclusives. La crise de la COVID-19 a créé une occasion unique. Le Canada peut vraiment « mieux reconstruire » en trouvant l’ambition et le courage nécessaires. Une occasion comme celle-ci ne se présente généralement qu’une fois. Saisissons-la

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Photo gracieuseté de Pixabay

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