Home Français Quand on a un handicap, le simple fait de prendre un cours peut faire toute la différence entre avoir de quoi se nourrir et ne rien pouvoir mettre sur la table

Quand on a un handicap, le simple fait de prendre un cours peut faire toute la différence entre avoir de quoi se nourrir et ne rien pouvoir mettre sur la table

by Andrea van Vugt
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Il faut réformer les prestations d’invalidité pour rompre le cycle de la pauvreté

Jusqu’à présent, les candidats aux élections fédérales n’ont presque rien dit sur les questions touchant les personnes handicapées. C’est dommage parce que nous sommes des millions à savoir que le Canada peut faire mieux pour la communauté des personnes handicapées. Il est temps de faire entendre notre voix.

Une bonne politique fédérale sur les personnes en situation de handicap dictée par l’intérêt public pourrait faire toute la différence entre une vie vécue dans la pauvreté perpétuelle et une vie remplie de possibilités. Alors qu’est-ce que votre parti compte faire à cet égard?

J’ai reçu un diagnostic d’épilepsie à la fin de mon adolescence. On ne savait pas ce qui causait l’apparition soudaine de ces crises graves. J’étais effrayée : tout à coup, je ne pouvais pas prendre la voiture ni aller travailler. Je ne pouvais même pas traverser la rue par crainte d’avoir une crise.

Après de nombreux tests et des essais de médicaments, j’ai reçu de mon neurologue un diagnostic d’invalidité de longue durée. J’ai commencé à recevoir des prestations d’invalidité de longue durée de mon employeur, et finalement, j’ai eu droit aux prestations du Programme de prestations d’invalidité du Régime de pensions du Canada (RPC).

Les personnes qui ont recours aux prestations d’invalidité du gouvernement vivent dans la pauvreté.

Le montant le plus bas que j’ai reçu en prestations a été de 1100 $ par mois, et le plus élevé, de 1340 $ par mois. À ce moment-là, le total de mes prestations était de 160 $ par mois inférieur au revenu à plein temps fondé sur le salaire minimum et de 360 $ par mois inférieur au seuil de ce qui est considéré comme un faible revenu en Alberta. Un grand nombre de personnes handicapées continuent de recevoir moins que ce qui m’était accordé en prestations.

J’ai essayé de reprendre le travail, mais je faisais des crises d’épilepsie durant la journée. Mon employeur ayant déclaré que ma présence sur le lieu de travail constituait un fardeau, je suis retournée à ma vie de personne au foyer et j’ai recommencé à toucher des prestations d’invalidité. Ces prestations m’ont permis de me payer un logement partagé, de la nourriture, des médicaments, le téléphone, des vêtements et des produits d’hygiène personnelle. Heureusement, j’ai répondu aux critères de personnes à faible revenu et la ville m’a donné une carte d’abonnement d’autobus pour que je puisse me déplacer.

Mes prestations d’invalidité ne me permettaient cependant pas de faire des changements positifs dans ma vie. J’étais non seulement incapable d’aller travailler, mais mes prestations limitaient aussi ma capacité à poursuivre des études et à changer de carrière.

Le risque de perdre mes prestations était toujours présent. J’avais besoin de cet argent pour survivre, et il est difficile de postuler des emplois quand on est handicapé. Les entreprises n’ont pas envie de mettre en place des mesures d’accommodement pour une personne en situation de handicap qu’elles viennent juste de rencontrer. Elles veulent la preuve que cette personne vaut les ressources qui seront mises à sa disposition. Bien que mon handicap ne nécessite pas que je doive le révéler tout de suite, je le fais généralement parce que j’ai en moyenne 11 crises par mois. Je veux que les gens sachent à quoi s’attendre si je fais une crise.

Dans la mi-vingtaine, j’ai réduit la quantité de médicaments que je prenais. Mes crises étaient plus fréquentes, mais j’avais une meilleure mémoire et mes pensées étaient plus claires. C’était un compromis risqué, mais j’étais disposée à l’accepter. J’ai alors commencé à me fixer des buts pour l’avenir. L’un de ces buts a été d’augmenter mes connaissances en mathématiques au-delà du secondaire. Les frais de scolarité et l’achat d’un manuel et d’une calculatrice s’élevaient alors à 370 $. Puisque cette somme correspondait à 28 % de mes prestations d’invalidité mensuelles, j’ai économisé pendant plusieurs mois pour retourner à l’école et suivre ce seul cours.

Cela fait plus d’une décennie que j’ai économisé pour ce cours de mathématiques. Durant toutes ces années, j’ai été reconnaissante d’avoir accès à divers régimes et programmes fédéraux d’aide sociale. J’ai reçu des prestations du Programme de prestations d’invalidité du RPC pour pouvoir payer une partie de mes produits de première nécessité.J’ai fait appel aux services de Santé Canada pour accéder à des hôpitaux et à des médecins, et j’ai appris comment m’impliquer dans la société en tant que personne handicapée. J’ai utilisé des services d’accessibilité quand j’ai pris le risque de retourner à l’école à temps plein. J’ai parfois fait appel à des services d’emploi de personnes handicapées pour chercher du travail chez un employeur disposé à prendre des mesures tenant compte de mon invalidité neurologique.

Il ne devrait pas être si difficile que ça de s’impliquer dans la société. Il ne devrait pas être si risqué que ça de retourner à l’école. Il ne devrait pas être intimidant de chercher un emploi en tant que personne handicapée, mais ça l’est. C’est dur, risqué et démoralisant.

Plutôt que de restreindre les personnes en situation de handicap, demandons à la communauté des personnes handicapées ce dont elles ont besoin pour réussir et pour s’impliquer dans notre société. Donnons à ces personnes la chance de vivre une vie riche et épanouie, où les besoins fondamentaux ne sont pas les seuls qui puissent être comblés.Faisons de l’égalité du revenu une réalité plutôt qu’une simple proposition. Et demandons à nos partis politiques fédéraux en quoi consistent leurs plans pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap au Canada

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Photo reproduite avec l’aimable autorisation d’iStock

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