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Presque la moitié des prestataires de soins ne sont pas des médecins ou des infirmières

by Irving Gold
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Leur épuisement professionnel doit aussi être pris en compte dans les politiques

Les taux de vaccination augmentent et les cas de COVID‑19 vont en diminuant. Même si c’est assurément un soulagement pour la majorité d’entre nous, un grand nombre de prestataires de soins se préparent pour leur part à affronter les séquelles importantes de la pandémie. Loin de jouir d’un répit pourtant bien nécessaire après vingt mois éprouvants sur le plan émotionnel et physique, ils et elles devront une fois encore travailler sous pression pour rattraper le retard accumulé, maintenant que s’amorce la planification des interventions qui ont été reportées.

Les preuves abondent sur les niveaux sans cesse croissants de stress et d’épuisement chez tous les travailleurs et travailleuses de la santé.

À la télévision, à la radio et dans la presse, les médias locaux et nationaux ont couvert la situation en long et en large. Ils ont raconté les histoires d’horreur de médecins forcés de travailler jour et nuit sans perspective de répit et d’infirmières surmenées en nombres inégalés. Les signes ne trompent pas : nous nous dirigeons vers une crise généralisée.

Malheureusement, ce n’est là que la moitié de l’histoire. Au Canada, 42 % des prestataires de soins ne sont ni des médecins ni des infirmières. Ils appartiennent plutôt à d’autres professions qui sont tout aussi essentielles. Et nous négligeons leur bien-être à nos risques et périls.

Chaque fois que les termes « médecins et infirmières » sont employés pour désigner l’ensemble du personnel de la santé, les membres d’autres professions frémissent, car ils leur rappellent qu’une fois de plus on les a oubliés. Même s’il s’agit peut-être pour les médias d’un raccourci commode, il ne sert qu’à confirmer la tendance inquiétante, chez les gestionnaires de la santé, à concevoir des mesures fondées sur des considérations qui excluent pratiquement 50 % de la main-d’œuvre du secteur.

Nous avons vu, au début de la pandémie, quelles conséquences mortelles pouvaient avoir des politiques qui ne tiennent pas compte de la moitié des prestataires de soins.

Les technologues en radiation médicale (TRM) figurent parmi les professions trop souvent oubliées. Même si peu de gens au Canada connaissent cet acronyme, la plupart d’entre eux auront, à un moment ou l’autre dans leur vie, compté un TRM dans leur équipe de soins. En effet, les TRM réalisent des examens d’imagerie par radiographie, résonance magnétique ou tomodensitométrie, grâce auxquels les médecins peuvent poser un diagnostic et prescrire des soins. Ils administrent également des traitements de radiothérapie aux personnes atteintes de cancer.

Tout au long de la pandémie, les thérapeutes en radiation médicale ont œuvré sur la ligne de front, en fournissant les images nécessaires pour surveiller l’état de santé des malades et les prendre en charge. Malgré des conditions extrêmement difficiles, ils ont maintenu l’intégrité des services de santé offerts pour d’autres maladies et problèmes de santé.

Les TRM forment le troisième groupe professionnel le plus nombreux au sein du personnel hospitalier. Ils travaillent aussi dans des cliniques, des centres de traitement du cancer et d’autres milieux de soins d’un bout à l’autre du pays.

Durant la pandémie, un grand nombre de TRM ont dû se battre pour obtenir de l’équipement de protection individuelle (EPI) et un accès prioritaire à la vaccination, et faire admettre qu’eux aussi travaillaient aux premières lignes et mettaient leur vie en danger pour le bien d’autres Canadiens et Canadiennes. Cela malgré leur nombre et leur rôle essentiel en matière de diagnostic et de traitement.

Comme si cela ne suffisait pas, les TRM sont laissés pour compte, encore une fois, dans les conversations au sujet des prestataires de soins qui se démènent au travail en dépit des défis énormes pour leur santé mentale. Citons en exemple le premier ministre François Legault qui, pour défendre sa décision d’aider les infirmières québécoises, a déclaré que cette aide ne s’étendrait pas aux autres prestataires de soins, comparant ceux-ci aux employés de dépanneurs qui travaillent de longues heures.

Si seulement ce genre de déclaration me surprenait encore.

Selon notre sondage récent, deux tiers des TRM ont rapporté un taux élevé d’épuisement émotionnel (un symptôme d’épuisement professionnel). L’heure est venue de tenir compte des TRM et d’autres professions dans les politiques et programmes proposés comme solutions au surmenage dans le secteur de la santé.

On souligne ce mois-ci la Semaine des TRM (du 7 au 13 novembre), une occasion de reconnaître le travail indispensable qu’accomplissent quotidiennement des dizaines de milliers de prestataires de soins professionnels dans le but de renforcer la lutte contre la COVID‑19, de continuer à faire fonctionner le système de santé, de combler les retards accumulés et de nous donner la chance de revenir à la normale.

Au moment de réfléchir aux moyens d’affronter l’avenir immédiat, rappelons que les discours et les solutions qui ne tiennent compte que des médecins et des infirmières auront des conséquences dévastatrices et mineront en dernière analyse les efforts investis face à la crise actuelle.

Nous ne résoudrons jamais la crise que traverse notre système de santé si nous laissons pour compte la quasi-moitié de ceux et celles qui en subissent les conséquences

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Photo gracieuseté de l’Association canadienne des technologues en radiation médicale

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