Home Français Les chefs d’entreprise canadiens en décalage avec les parties prenantes sur les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

Les chefs d’entreprise canadiens en décalage avec les parties prenantes sur les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

by Erica Barbosa
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La pandémie nous a fait prendre conscience que les crises qui entourent le climat, les inégalités et la cohésion sociale sont interreliées et doivent être résolues collectivement. De Mariana Mazzucato à Mark Carney, des économistes s’accordent sur le fait que la recherche de solutions aux répercussions du capitalisme n’est pas seulement l’affaire de l’État et de la philanthropie.

La nécessité de réorienter la trajectoire de l’économie vers un avenir inclusif, équitable et durable explique l’intérêt croissant pour l’investissement et la reddition de comptes fondés sur des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Pour préserver notre avenir collectif, le secteur privé canadien devra collaborer avec les secteurs communautaire et public à la reconfiguration des marchés dans l’intérêt de la collectivité.

Dans un rapport récent commandé par le gouvernement fédéral (Future of Business in Society), Coro Strandberg, cofondatrice du Social Purpose Institute (SPI) de Centraide, écrit : « Tout indique que les entreprises prospères assumeront un plus grand rôle dans la création de valeur non seulement pour leur propre bien et celui de leurs actionnaires, mais également pour celui de la collectivité et des parties prenantes, de sorte que la nature puisse se régénérer et la population et les communautés s’épanouir ». Même si le rôle de Centraide consiste habituellement à acheminer les dons des entreprises aux organismes communautaires, le SPI œuvre en sens inverse, c’est-à-dire en aidant les entreprises à incorporer des valeurs sociales dans leurs pratiques de gouvernance, d’affaires et de reddition de comptes.

Trop peu de chefs d’entreprise se préoccupent des principes ESG. En effet, moins de la moitié des répondants à une enquête menée par PwC Canada en 2021 prévoient augmenter les fonds qu’ils y consacrent. Et plus des deux tiers tardent à tenir compte des changements climatiques dans leurs stratégies de gestion des risques.

Pourtant, sur les 3 000 Canadiens et Canadiennes sondés par le Centre canadien pour la mission de l’entreprise, 85 % considèrent que les entreprises devraient placer sur un pied d’égalité les intérêts des actionnaires, les intérêts des communautés locales, des employés et de la clientèle et l’environnement. De plus, 75 % des répondants ont dit souhaiter une réforme du capitalisme afin qu’il soit plus juste, inclusif et équitable – ou son remplacement.

Les critères ESG constituent de bons points de départ, mais la gestion des risques seule ne suffira pas. Allyson Hewitt, coordonnatrice du réseau Business for Purpose Network au MaRS Discovery District, explique que « la clé consiste à définir une mission sociale pour l’entreprise, d’y arrimer les activités ESG et de rallier les gouvernements et les partenaires communautaires autour d’objectifs ambitieux ».

Les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU forment un programme audacieux pour le bien de l’humanité qui est validé scientifiquement et jouit d’une forte adhésion. Dans de nombreux pays, ceux-ci influencent les politiques publiques, les investissements et l’engagement citoyen en faveur du changement systémique – mais au Canada, ce n’est toujours pas le cas.

Selon John McArthur, directeur du Centre for Sustainable Development de la Brookings Institution et une autorité en matière d’ESG, le Canada peine à faire des progrès sur de nombreux plans. « Pour que les choses évoluent, fait-il valoir, les directions d’entreprise du pays devront assumer un rôle beaucoup plus important ». Notre pays a besoin d’un conseil sectoriel ou trisectoriel voué à l’application des principes ESG.

Malgré tout, ce ne sont pas tous les chefs d’entreprise qui se trouvent en décalage; certains s’appliquent même à tracer la voie :

Favoriser la réconciliation économique

La réconciliation avec les peuples autochtones passe entre autres par la réparation des torts causés par la privation des droits économiques dans la Loi sur les Indiens. Dans le cadre d’une collaboration avec l’organisme sans but lucratif SHARE (Shareholder Association for Research and Education), la National Aboriginal Trust Officers Association et la Fondation Atkinson, le Groupe TMX – propriétaire des bourses de Toronto et de Montréal – a pris un engagement historique. Il travaillera avec le Conseil canadien pour l’entreprise autochtone à l’établissement de nouveaux objectifs en matière de diversité au sein de son conseil d’administration et de son personnel et multipliera les efforts pour recueillir des capitaux destinés aux entreprises autochtones.

Investir dans l’actionnariat des salariés

Social Capital Partners (SCP), un organisme sans but lucratif, a permis récemment aux 1 200 employés de la société américaine Taylor Guitars de se porter acquéreurs de l’entreprise grâce à un plan RADE (Régime actionnariat des employés), dans le cadre d’une transaction de 100 millions de dollars financée par le Healthcare of Ontario Pension Plan. Comme l’explique Bill Young, fondateur de SCP, « les RADE permettent aux salariés de réunir des capitaux et de faire en sorte que leur communauté conserve de bons emplois. Vu leur succès au Royaume-Uni et aux États-Unis, leur potentiel au Canada est énorme. »

Contribuer au changement systémique

L’Accélérateur de transition est un organisme caritatif voué à la création de consortiums fondés sur des valeurs ayant pour but de décarboniser l’économie canadienne dans les secteurs de l’énergie, du transport et de la construction. Il rassemble des chercheurs et des entreprises, des communautés et des gouvernements. Comme l’explique son président et directeur général Dan Wicklum, « le fait de placer les valeurs sociales au cœur de la transition vers la carboneutralité est dans l’intérêt supérieur de la société canadienne. Ceci nécessite en retour un investissement collaboratif de la part de tous les secteurs : philanthropique, public, financement des entreprises et marchés des capitaux. »

Nous pouvons nous améliorer et nous devons le faire. Une économie qui fonctionne pour toute la collectivité et les générations à venir est à notre portée, mais à condition que le secteur privé travaille à sa construction de concert avec les parties prenantes des secteurs communautaire et public.

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