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Il est temps de freiner la croissance du taux de césarienne au Canada

by Margaret Morris
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Réduire les risques et ménager les ressources en santé

Même en temps de pandémie, le travail et l’accouchement demeurent les principales causes d’hospitalisation au Canada, avec plus de 350 000 naissances par année. En soi, c’est une bonne nouvelle. Mais de ces naissances, près du tiers se produisent par césarienne. Et cette proportion, déjà beaucoup trop élevée, est en hausse.

La césarienne est une intervention chirurgicale qui consiste à inciser l’abdomen et la paroi utérine de la parturiente pour sortir le bébé; elle est recommandée quand l’accouchement vaginal met en péril la vie du bébé ou de la mère. On effectue chaque année près de 105 000 césariennes, ce qui en fait la chirurgie la plus fréquemment réalisée dans les hôpitaux canadiens.

La pandémie de COVID-19 est venue rappeler l’importance d’utiliser judicieusement les précieuses ressources de santé. Or, nous savons qu’une proportion non négligeable de ces césariennes pourrait ne pas être indispensable.

Le taux de césarienne a plus que doublé ces 25 dernières années. Même en tenant compte de certains changements dans la population des parturientes pendant cette période, comme le fait que les mères ont leurs enfants à un âge plus avancéet que les taux d’obésité et de maladies chroniques ont augmenté, on ne devrait pas observer une hausse aussi nette de ce mode d’accouchement. Et de nombreuses données confirment que le bien-être des nouveau-nés n’a pas changé, malgré l’augmentation du nombre de césariennes.

Alors, comment explique-t-on ce phénomène?

Les césariennes peuvent sauver la vie des mères et des nouveau-nés lorsqu’elles sont indiquées pour des raisons médicales. Et dans de tels cas, les avantages dépassent nettement les risques. Mais chaque césarienne est aussi une chirurgie majeure qui comporte beaucoup plus de risques que l’accouchement vaginal, y compris des risques accrus d’infection, d’hémorragie et de décès chez la mère. Dans certains cas, on peut aussi observer des risques à court et à long terme pour le nouveau-né.

En outre, la césarienne laisse une cicatrice sur l’utérus, ce qui a des répercussions sur les grossesses et le travail futurs. Toute femme ayant subi une césarienne vous dira que le rétablissement de l’intervention peut être douloureux, sans compter qu’il implique une hospitalisation et une convalescence plus longues que l’accouchement vaginal.

Les césariennes non essentielles peuvent causer du tort aux patientes. Comme ancien président et présidente désignée de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), nous nous engageons à sensibiliser nos collègues et les parturientes du Canada aux risques de la césarienne lorsqu’elle n’est pas médicalement justifiée.

Dans le cadre de la campagne Choisir avec soin, une initiative visant à réduire les examens et traitements superflus en santé, la SOGC a récemment publié ses recommandations pour tous les professionnels de la santé qui font des accouchements, y compris les spécialistes en obstétrique-gynécologie, les médecins de famille et les sages-femmes, et elle les exhorte à revoir leur processus décisionnel face à la césarienne.

Selon la recherche, une portion importante des césariennes non essentielles ont lieu lorsque le travail ne progresse pas assez. Le travail comporte une phase latente initiale, suivie d’une phase active. La transition entre ces deux phases peut demander du temps, plusieurs heures dans certains cas. Il est normal que la phase latente dure jusqu’à 20 heures chez une primipare.

Dans les cas de grossesses monofœtales chez les femmes en bonne santé, la prise en charge optimale durant cette phase consiste à faire preuve de patience quant à la progression du travail, tout en offrant des soins de soutien, incluant soulagement de la douleur et repos. La phase active se déclenchera chez la plupart des femmes, qui pourront alors accoucher par voie vaginale.

Au Canada, le taux de césarienne varie d’une province à l’autre, d’un hôpital à l’autre, et même parfois, d’un obstétricien à l’autre. Selon la recherche, ces écarts pourraient en bonne partie être simplement attribuables à l’impatience. La décision de procéder à une césarienne découle souvent de la réticence des professionnels ou de leurs patientes à attendre le déclenchement de la phase active du travail.

Par notre recommandation, nous exhortons les médecins à revoir leurs pratiques pour la phase latente du travail et à attendre pour voir si une patiente peut effectivement accoucher par voie vaginale afin de freiner la croissance du taux de césarienne.

Il est plus important que jamais d’utiliser judicieusement les ressources de santé. Bien réfléchir avant de procéder à une intervention chirurgicale pour le principal motif d’hospitalisation au pays, soit le travail et l’accouchement, est un excellent point de départ.

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Photo gracieuseté d’iStock

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