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Trop de personnes âgées prennent des sédatifs potentiellement dangereux

by Wendy Levinson
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Ce que vous devez savoir

Un dossier d’enquête mené récemment au Québec révèle une tendance inquiétante : les benzodiazépines – une classe de médicaments servant couramment à traiter l’anxiété et les troubles du sommeil — sont surprescrites. Ce reportage a amené le Collège des médecins du Québec à se pencher sur l’usage de ces substances psychotropes.

C’est un problème qui dépasse les frontières du Québec; partout au Canada, ces médicaments sont prescrits à un rythme alarmant.

Les benzodiazépines et autres sédatifs sont souvent prescrits aux 65 ans et plus pour des problèmes de sommeil ou d’anxiété. Mais leur utilisation à long terme présente de sérieux risques pour cette population, notamment des troubles de la mémoire, des chutes et même une augmentation du risque de décès. Lorsqu’on mélange des benzodiazépines avec d’autres sédatifs, il y a aussi accroissement du risque de surdose et de sédation excessive.

Malgré ces risques connus, l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) et Choisir avec soin constatent dans leur rapport de 2022 qu’une personne de 65 ans et plus sur douze au pays prend de tels médicaments régulièrement.

Le rapport révèle aussi d’importantes variations dans les taux d’ordonnance à l’échelle des provinces et territoires. Par exemple, si 5 % des personnes âgées prennent ces médicaments régulièrement en Saskatchewan, elles sont plus de 20 % au Nouveau-Brunswick. Un écart qui découle probablement d’une différence dans les habitudes de prescription chez les médecins. Des initiatives pour entre autres donner de la rétroaction aux médecins concernant ces habitudes, comme celle que propose le Collège des médecins du Québec, pourraient donc faire partie de la solution.

Le rapport fait aussi état de différences entre les groupes démographiques : les femmes se voient prescrire des benzodiazépines et autres sédatifs deux fois plus souvent que les hommes. Et ce sont les doyennes parmi elles, en particulier les plus de 90 ans, qui sont les plus susceptibles de s’en faire prescrire, même si elles sont aussi la population la plus à risque de complications.

Souvent, quelqu’un commencera à prendre ces médicaments pour traiter un problème d’anxiété ou de sommeil de nature passagère, puis continuera la médication plus longtemps qu’il n’est recommandé, menant à la consommation chronique.

Les médicaments peuvent aussi lui avoir été prescrits en milieu hospitalier pour l’aider à dormir, l’utilisation se poursuivant après son congé. Tout cela alors qu’il existe d’autres solutions simples et sans danger – comme l’instauration d’un environnement propice au sommeil — qui sont potentiellement tout aussi efficaces selon les études. 

Que faire, donc, pour veiller à ce que la médicamentation soit plus sécuritaire pour la patientèle?

Les recherches montrent que lorsque les gens comprennent les risques que pose un médicament sur ordonnance, ils sont moins portés à le prendre. La patientèle et les médecins devraient donc parler des effets secondaires potentiels et réfléchir à d’autres solutions plus sécuritaires. Les pharmaciennes et pharmaciens ont aussi un rôle important à jouer, à savoir de passer en revue les médicaments pour signaler ceux qui pourraient être réduits ou arrêtés.

Qui plus est, les médecins peuvent aussi recommander des interventions non médicamenteuses, comme des modifications du mode de vie, pour combattre l’anxiété et les troubles du sommeil. Des changements tout simples, comme de l’exercice régulier ou une meilleure hygiène de sommeil, peuvent apporter un soulagement sans traitement médicamenteux. Cela sera souvent tout aussi efficace, sinon plus, qu’un médicament.

Si l’on rédige une ordonnance, alors celle-ci devrait avoir une durée limitée. La personne et son médecin pourront ensuite regarder ensemble si la médication doit se poursuivre.

La surprescription de sédatifs potentiellement dangereux est un problème épineux et répandu dans tout le Canada. Il est important que les prestataires de soins de santé, les organismes de réglementation et la patientèle collaborent pour encourager la prestation de soins plus efficaces et moins dangereux.

Le premier pas, c’est de sensibiliser les gens aux risques associés à ces médicaments et d’encourager le dialogue ouvert entre la patientèle et les prestataires de soins de santé afin d’en arriver à des solutions moins dommageables. C’est ainsi que l’on pourra atténuer les risques et voir au mieux-être des membres les plus âgés et vulnérables de la population.

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