Home Français Pour combler les lacunes des services aux personnes handicapées, la C.-B. doit mettre leurs droits au cœur de ses politiques

Pour combler les lacunes des services aux personnes handicapées, la C.-B. doit mettre leurs droits au cœur de ses politiques

Une récente enquête du coroner sur la mort par inanition et malnutrition de Florence Girard, une femme trisomique, a mis à jour les lacunes des politiques de la Colombie-Britannique en matière de handicap.

Le rapport du coroner fait suite à un examen des services aux enfants et aux jeunes handicapés mené par le gouvernement provincial en raison de nombreuses plaintes relatives au système de prestations.

En effet, les insuffisances des programmes et services provinciaux menacent le bien-être des personnes handicapées et remettent en question le respect, par la Colombie-Britannique, des obligations contractées par Canada dans le cadre d’un traité international protégeant les droits de ces personnes.

À moins que le gouvernement provincial ne mette les droits des personnes, et notamment des enfants handicapés et de leur famille au premier plan dans l’ensemble de ses politiques, ceux-ci continueront d’être en péril.

L’enquête du coroner s’est concentrée sur les manquements des services publics pour adultes handicapés qui ont contribué au décès de Mme Girard; cependant, les programmes et services gouvernementaux pour enfants handicapés connaissent des problèmes similaires.

Notre nouveau rapport, soumis au Réseau pour la santé du cerveau des enfants et qui analyse les politiques provinciales et territoriales en matière de handicap à travers le Canada, ainsi que les témoignages de soignants directement concernés par ces politiques, révèle qu’en Colombie-Britannique, les lacunes dans ce domaine ont un effet négatif sur les enfants handicapés et leur famille.

Même si, dans certains domaines, les politiques de la C.-B. en matière de handicap sont en avance sur d’autres juridictions, notamment en ce qui a trait aux lois sur l’accessibilité, nos recherches révèlent que les familles se heurtent à des obstacles importants lorsqu’elles tentent d’accéder aux programmes et aux services pour leurs enfants. Cela inclut un manque d’information ou de communication de la part du gouvernement sur les aides disponibles.

Nous avons découvert que, dans au moins 35 % des cas, les parents ne connaissaient même pas l’existence de certains programmes provinciaux destinés aux personnes handicapées. Dans certains cas, c’est seulement par l’intermédiaire d’autres parents qu’ils avaient découvert ces aides.

De plus, le système d’aide est complexe et difficilement compréhensible. Les parents que nous avons interrogés ont déclaré que, sans l’aide d’un professionnel qui connaît les services disponibles et sait comment déposer une demande, il est pratiquement impossible de comprendre comment accéder aux aides.

L’un des parents a comparé cela à « naviguer dans le noir, en essayant de deviner ce qui va se passer ».

Les difficultés sont aggravées en raison d’un manque de coordination et de collaboration entre les ministères, notamment ceux du Développement des enfants et de la famille, de l’Éducation et de la Garde d’enfants, et de la Santé, ce qui a pour effet de reporter le fardeau sur les épaules de familles déjà débordées, qui ont du mal à s’y retrouver entre les différents services.

Et lorsque les parents finissent par découvrir les programmes et services, ils rencontrent souvent d’autres obstacles, comme le manque d’assistance dans leur région ou de longues listes d’attente.

Un nouveau rapport du Bureau du représentant des enfants et des jeunes de la province révèle qu’il y a plus de 10 000 enfants sur la liste d’attente pour le dépistage de l’autisme et que, dans certains cas, ceux-ci doivent attendre plus de deux ans pour pouvoir être évalués.

Le financement des programmes et des services est souvent insuffisant ou inégalement réparti, ce qui oblige certains parents à payer de leur poche d’onéreuses prestations pour leurs enfants.

Ces obstacles et ces lacunes mettent non seulement les familles à rude épreuve sur le plan émotionnel et financier, mais portent également préjudice aux enfants. En effet, faute d’avoir rapidement accès aux évaluations, aux thérapies et aux autres programmes, les enfants handicapés ne peuvent pas être soutenus dans leur développement et leurs études, ce qui les empêche de réaliser pleinement leur potentiel.

Cela compromet également la capacité du Canada à respecter ses obligations en vertu de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.

Pour protéger et promouvoir les droits des personnes handicapées, nos gouvernements doivent veiller à ce que les programmes et services qui leur sont destinés soient pleinement financés, à ce qu’une approche au cas par cas, sur le plan individuel et familial, soit adoptée, et à ce qu’un nombre suffisant de professionnels hautement qualifiés soient formés pour dispenser ces prestations.

En ce qui concerne la Colombie-Britannique, cela veut dire résoudre les problèmes — obstacles et lacunes — identifiés par les parents et les défenseurs des personnes handicapées.

Les récentes annonces faites dans le cadre du budget 2025, allouant des fonds supplémentaires aux enfants et aux jeunes qui ont besoin d’aide, représentent une occasion propice pour réformer les programmes de manière à faire respecter comme il se doit que les droits des personnes handicapées, afin qu’elles puissent participer pleinement à la société, sans discrimination.

Le moment est venu, pour la Colombie-Britannique, de transformer ses politiques en matière de handicap. En donnant la primauté aux droits, la province pourra devenir un véritable chef de file au Canada.

Read in English

Photo gracieuseté de DepositPhotos

Creative Commons License
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NoDerivatives 4.0 International License.

This means that you are free to reprint this article for any non-profit or for-profit purpose, so long as no changes are made, and proper attribution is provided. Note: Only text is covered by the Creative Commons license; images are not included. Please credit the authors and QUOI Media Group when you reprint this content. And if you let us know that you’ve used it, we’ll happily share it widely on our social media channels: quoi@quoimedia.com.

You may also like