Je viens de parcourir 120 km à pied pendant cinq jours sur le South Downs Way qui longe la côte sud-est du Royaume-Uni. En faisant cette magnifique randonnée, j’ai traversé la campagne anglaise pour aboutir aux spectaculaires falaises de craie près de la ville côtière d’Eastbourne. Bien qu’il ne soit pas techniquement difficile, ce trajet comportait suffisamment de collines, de vents forts et de jours pluvieux pour que nous soyons prêts à souper dans un pub.
La marche est l’activité aérobique la plus pratiquée, et elle améliore la santé mentale et physique. Pourtant, en dépit des avantages de la marche, le niveau d’activité a tendance à diminuer à mesure qu’on vieillit. Les femmes de tous les âges sont moins actives que les hommes.
Nous étions quatre à marcher ensemble et, comme nous le faisons d’habitude, nous avons suivi nos progrès à l’aide d’une carte et d’un téléphone. Le jour le plus long et les jours comportant le plus de montées et de descentes, nous avons fait plus de 34 000 pas et grimpé plus de 2 000 pieds, ou 610 mètres.
En tant que gériatre et chercheuse qui s’intéresse vivement à promouvoir l’équité pour les femmes et le bien-être en vieillissant, j’ai observé les personnes que nous avons rencontrées chaque jour.
Nous avons vu peu de monde durant les jours de semaine, mais la plupart des personnes qui marchaient étaient des femmes d’un certain âge. En revanche, presque tous les cyclistes à vélo de montagne que vous avons croisés étaient des hommes. Cela reflète peut-être les normes de genre, même en terrain vallonné : un plus grand nombre d’hommes que de femmes pratiquent des activités physiques plus intenses.
Toute activité physique est très importante, surtout en vieillissant.
Le Rapport mondial de situation sur l’activité physique 2022 de l’OMS, publié récemment, détermine que l’inactivité physique est un problème de santé mondial qui exige une attention immédiate. Il indique également que le taux d’inactivité est plus fort dans les pays à revenu élevé, probablement en raison de la plus grande utilisation de voitures.
L’activité physique, comme la marche, est tellement importante que l’OMS a fixé un but : réduire l’inactivité physique de 10 pour cent dans le monde d’ici 2025.
L’inactivité physique est un facteur de risque de problèmes de santé chroniques et a des répercussions sur la qualité de vie. On estime qu’environ huit pour cent des maladies de cœur, de la dépression et de la démence pourraient être évités si la population était plus active.
La marche est l’une des façons les plus simples et les plus accessibles d’accroître efficacement notre niveau d’activité physique, mais on ne la pratique pas assez souvent. Elle est importante pour les personnes plus âgées, car, en vieillissant, on finit souvent par avoir non seulement un, mais fréquemment plusieurs problèmes de santé chroniques.
Nous devons encourager la population à marcher davantage, particulièrement les femmes plus âgées, qui ont des problèmes médicaux chroniques tels que l’arthrite et la démence plus communément que les hommes. Ces problèmes pourraient être atténués ou retardés en profitant des bienfaits de la marche pour la santé.
La marque se pratique aussi dehors, ce qui rend cette activité particulièrement attrayante pour se retrouver entre amis tout en réduisant les préoccupations liées à la COVID-19.
Les gouvernements ont tendance à élaborer des politiques et des stratégies pour encourager et normaliser le transport actif. La marche est non seulement une forme d’exercice clé, mais aussi un mode de transport pour les courts déplacements, ou un ajout au transport en commun afin d’éviter d’avoir à conduire. De l’amélioration du transport en commun et des trottoirs à l’ajout de sentiers et de pistes en passant par des campagnes de santé publique, chaque ordre de gouvernement peut faire beaucoup pour inciter les personnes plus âgées à marcher.
La conduite contribue à l’inactivité physique et a des effets négatifs sur la santé mentale. La marche nous permet de vraiment voir le monde autour de nous — toutes sortes de choses qu’on rate quand on passe en voiture.
Le premier jour, alors que nous traversions un petit pont dans la campagne anglaise éloignée, nous avons vu un animal qui nageait dans la rivière. Seule sa tête était visible. Nous nous sommes demandé s’il pouvait s’agir d’une loutre, en pensant à Beatrix Potter et à ses histoires d’animaux dans la campagne britannique, bien que l’animal en question semblait assez gros.
Le soir, nous en avons parlé à l’hôtesse de notre gîte. Elle a tout de suite dit que nous avions dû voir « Gavin, le phoque ». Gavin a attiré l’attention nationale par le biais de la BBC, car il nageait dans une rivière, loin en amont dans la campagne, là où on ne s’attend vraiment pas à voir un phoque.
Notre rencontre avec Gavin a alimenté bien des conversations et illustre le fait qu’en marchant, on fait non seulement de l’exercice, mais on voit des choses, même des choses bizarres comme des phoques, qu’on ne verrait certainement pas autrement.
Photo gracieuseté de l’auteur