D’ici 2035, le Canada sera considéré comme un pays « très âgé », puisqu’une personne sur quatre aura dépassé l’âge de 65 ans. Cette situation entraînera des répercussions importantes non seulement dans le marché du travail, mais également pour nos programmes sociaux et de santé.
Les personnes âgées comptent pour 40 % des budgets provinciaux et territoriaux en matière de santé. Chaque année, la prestation des soins non rémunérés coûte au Canada un montant estimé à 1,3 milliard de dollars en baisse de productivité.
Les problèmes associés au vieillissement et aux maladies chroniques liées à l’âge peuvent compromettre l’autonomie d’un individu, réduire sa qualité de vie et exercer des pressions sur les systèmes sociaux et de santé. Ils forcent bon nombre de Canadiens et de Canadiennes âgés à se tourner vers les soins de longue durée alors qu’ils préféreraient vieillir chez eux.
Le Canada affiche déjà un taux démesurément élevé d’adultes âgés qui vivent en établissement. Or les besoins en cette matière ne sont toujours pas comblés et on s’attend à ce que la demande augmente.
Il n’est pas économiquement viable de continuer à construire et à doter en personnel des maisons de soins infirmiers dans le but de répondre aux besoins d’une population vieillissante. Par ailleurs, être placé en établissement ne correspond pas à ce que les personnes âgées désirent.
Nos gouvernements devront élaborer et mettre en place des mesures sociales et sanitaires innovantes, qui favoriseront le bien-vieillir à domicile et dans le milieu de vie.
La pandémie a révélé les failles de nos systèmes de santé pour les adultes âgés. Il faut améliorer le soutien accordé à ces personnes, ainsi qu’à celles qui en prennent soin.
La population canadienne est d’accord. Selon un sondage Nanos, une majorité écrasante (92 %) appuie les investissements gouvernementaux dans les programmes qui favorisent le bien-vieillir.
La bonne nouvelle, c’est que la fragilisation et le placement en maison de soins infirmiers ne sont pas des conséquences inévitables du vieillissement.
Il est possible de retarder l’affaiblissement des capacités fonctionnelles en recourant à des stratégies et à des innovations fondées sur la technologie s’adressant aux individus et aux populations. Les Centres voués au vieillissement en santé du Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées comptent parmi ces innovations.
En associant la technologie (plateforme web sur mesure, appareils intelligents, activités et ressources virtuelles) à des initiatives de services sociaux et de santé (évaluations individualisées du bien-vieillir, buts personnels et aiguillage personnalisé vers des programmes communautaires), ces centres seront en mesure de proposer à la population canadienne, dans un format accessible, des pratiques fondées sur des données probantes.
Nous voulons insister sur le fait que « fondé sur la technologie » fait partie intégrante de la solution. Le temps est venu de faire les choses différemment.
Paradoxalement, la pandémie aura ouvert des possibilités : en effet, elle a forcé le déploiement des technologies dans le secteur de la santé et des services sociaux et démontré que nous disposions là d’un moyen viable et opportun pour prodiguer des soins sécuritaires et efficaces, favoriser l’autonomie à domicile et soutenir la capacité de rester branché.
Récemment, le gouvernement fédéral a investi dans une initiative portée par MEDTEQ+ et AGE-WELL, appelée envisAGE, mise sur pied dans le but d’aider les entreprises à proposer des solutions technologiques innovantes (« AgeTech »). Néanmoins, il ne faudrait pas négliger la recherche, atout essentiel pour alimenter la filière innovante. Les gouvernements ont en effet tout avantage à exploiter les résultats de recherche pour contribuer à paver la voie vers l’innovation en matière de bien-vieillir.
Voilà les raisons qui nous ont amenés à lancer une nouvelle collaboration baptisée Vieillir en santé Canada, fruit d’un partenariat entre AGE-WELL et le Réseau canadien des soins aux personnes fragilisées. Celle-ci aura pour mission de contribuer à transformer la vie des personnes âgées au Canada au moyen de solutions technologiques innovantes en matière de santé et de services sociaux, tout en mettant l’accent sur l’équité, l’accessibilité et un engagement commun à accélérer la traduction des résultats de recherche en action.
Notre mission consiste à regrouper des scientifiques, des parties intéressées (p. ex. des adultes âgés et des proches aidants) et des agents mobilisateurs (p. ex. des acteurs de l’industrie, du gouvernement et des services de santé) afin de faire progresser la recherche sur le bien-vieillir, la technologie et l’innovation.
La prestation de soins optimaux à un segment plus vaste de la population âgée et la garantie d’une meilleure qualité de vie exigent une action coordonnée en matière de services. En plus de prôner une approche de santé publique en matière de vieillissement, il faut accélérer la conception de solutions technologiques et leur adoption à domicile, dans la collectivité et dans les milieux de soins. Cette stratégie, absolument essentielle, devrait permettre aux gouvernements d’instaurer un système intégré répondant aux besoins des personnes âgées et à la nécessité de tenir compte de la croissance de cette population en nombre absolu et en pourcentage.
Pour transformer en peu de temps l’état de préparation et la résilience des individus et des systèmes, il nous faudra profiter de l’adoption rapide des technologies numériques impulsée par la pandémie de COVID‑19 et miser sur le besoin qu’elle a fait ressortir de disposer de programmes fondés sur la technologie.
Oui, le Canada vieillit. Mais il est possible de vieillir avec grâce et en bonne santé, en adoptant des solutions innovatrices dans nos vies personnelles, nos politiques et nos systèmes de santé.
Les deux organisations collaborent au programme Vieillir en santé Canada.