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Le gouvernement fédéral a rapidement trouvé des fonds pour un congé de TPS

by Michelle Hewitt
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Pourquoi pas pour la Prestation canadienne pour les personnes handicapées promise depuis des années?

L’an dernier, le rapport du mouvement Le handicap sans pauvreté (HSP) et de Campagne 2000 a attribué la note de « I » pour « Incomplet » en ce qui concerne ses promesses aux personnes canadiennes en situation de handicap.

Cette année, la note a été rétrogradée à un « F » sans équivoque, puisque la Prestation canadienne pour les personnes handicapées (PCPH) est loin de répondre aux attentes et aux besoins qu’elle promettait de combler.

Un montant de prestations insuffisant, des critères d’admissibilité étroits et un calendrier de mise en œuvre prolongé ont fait en sorte que la PCPH a lamentablement échoué à respecter les engagements qui avaient autrefois suscité l’espoir.

En 2022, la ministre de l’époque, Carla Qualtrough, avait décrit la PCPH comme une « occasion unique, qui ne se présente qu’une fois par génération, de tirer des centaines de milliers de personnes de la pauvreté ». Le préambule de la Loi invoquait les obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne et son aspiration à devenir un chef de file mondial dans l’élimination de la pauvreté. Ces belles paroles ont suscité de l’optimisme au sein d’une communauté qui a longtemps été mal desservie et négligée.

Cependant, la réalité de la PCPH a été profondément décevante.

L’allocation budgétaire fédérale de 2 400 $ par année pour chaque bénéficiaire est insuffisante pour répondre aux besoins fondamentaux. Pire encore, le gouvernement prévoit que la PCPH ne sortira de la pauvreté que 25 000 personnes en situation de handicap qui sont en âge de travailler chaque année, soit une fraction des centaines de milliers de personnes qu’elle prétendait vouloir aider.

Le calendrier de mise en œuvre vient s’ajouter à cette trahison. Le versement de la prestation est prévu pour juillet 2025, ce qui témoigne d’un manque flagrant d’urgence dans la résolution d’une crise qui a laissé tant de personnes dans le besoin. Les promesses d’élimination de la pauvreté perdent tout leur sens lorsque les personnes qu’elles sont censées aider doivent attendre des années pour obtenir de l’aide.

Les événements récents ne font que justifier les raisons pour lesquelles le gouvernement a obtenu une note d’échec.

Pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement a annoncé un congé de TPS de deux mois et un programme de distribution de chèques de 250 $, des mesures soi-disant conçues pour atténuer les pressions sur le coût de la vie. Toutefois, ces initiatives sont mal ciblées et profitent de manière disproportionnée aux personnes qui touchent un revenu plus élevé. Les chèques sont destinés aux personnes canadiennes qui gagnent jusqu’à 150 000 $ par année, ce qui constitue une erreur flagrante d’allocation des ressources, considérant que les personnes vivant dans la pauvreté, dont de nombreuses personnes en situation de handicap, sont exclues.

L’injustice de cette allocation est incontestable. Alors que 4,7 milliards de dollars seront dépensés pour ces chèques et que le congé de TPS coûtera 1,6 milliard de dollars aux caisses de l’État, la dépense combinée de 6,3 milliards de dollars sur seulement deux mois surpasse les 6,1 milliards de dollars alloués à la PCPH sur six ans. Cette disparité expose les priorités biaisées du gouvernement.

Si des milliards peuvent soudainement être trouvés pour des cadeaux non ciblés, pourquoi la PCPH a-t-elle été reléguée aux restes budgétaires? Ces actions envoient un message troublant sur les enjeux qui sont jugés dignes d’attention et de ressources.

Le congé de TPS met également en évidence des priorités mal placées. Celui-ci s’applique à des produits comme la bière, le vin et les repas au restaurant, soit des luxes qui sont inaccessibles à de nombreuses personnes en situation de handicap au Canada, même sans les taxes.

La décision d’exonérer les aliments préparés, qui sont essentiels pour les personnes incapables de cuisiner elles-mêmes, offre un avantage limité. Concrètement, cela ne contribue pas vraiment à pallier l’incapacité de concevoir des mesures d’aide qui répondent aux besoins des personnes les plus vulnérables.

L’exclusion des personnes sans emploi des chèques de 250 $ ne fait qu’amplifier cette incapacité. La défense du gouvernement, selon laquelle les personnes âgées, les étudiants et les personnes en situation de handicap seront admissibles s’ils travaillent en 2023, révèle une hypothèse nuisible, à savoir que l’aide dépend de l’emploi.

Pour de nombreuses personnes en situation de handicap, les obstacles systémiques et les déficiences graves rendent le travail impossible. Le fait de lier l’admissibilité à l’emploi perpétue la notion déshumanisante selon laquelle seuls ceux qui « contribuent » économiquement méritent de l’aide.

Cette contradiction flagrante entre la rhétorique et la réalité mine la crédibilité du gouvernement. Ce dernier invoque des contraintes fiscales pour justifier le sous-financement de la PCPH, mais n’a aucun mal à allouer 6,4 milliards de dollars à des mesures à court terme qui ne parviennent pas à remédier aux inégalités systémiques. Ces actions sont le reflet d’un gouvernement qui donne la priorité à l’image plutôt qu’aux résultats.

À l’approche des élections fédérales, l’élimination de la pauvreté des personnes en situation de handicap doit devenir une priorité non négociable pour tous les partis.

Le rapport dresse un sombre tableau de la pauvreté liée au revenu chez les personnes en situation de handicap au Canada et présente des recommandations claires quant aux changements à apporter. Les responsables des politiques doivent reconnaître que les gestes symboliques et les demi-mesures ne remplacent pas les actions significatives.

La PCPH a été présentée comme un programme transformateur et une occasion d’affirmer que les personnes canadiennes en situation de handicap sont importantes. Pourtant, sa conception et son financement actuels trahissent cette promesse.

Le Canada a la responsabilité de faire mieux, et dispose des ressources pour y parvenir. Il s’agit d’une occasion unique qui ne se présente qu’une fois par génération. Celle-ci ne doit pas devenir un échec de notre génération.

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