Les vétéranes et vétérans du Canada vieillissent rapidement et nous avons besoin d’une nouvelle stratégie pour mieux les soutenir.
Selon un rapport récent, Addressing the Coming of Age and its Related Complexities Among Canada’s Veterans, les deux tiers, environ, des vétéranes et vétérans du pays ont au moins 55 ans. De plus, bon nombre de ces vétéranes et vétérans ont des problèmes de santé physique et mentale complexes qui accroissent leur risque de vieillir de façon accélérée, leur fragilité et leur besoin d’obtenir de façon prématurée des soins de longue durée.
Cela étant, il est urgent que le gouvernement du Canada élabore une stratégie sur le vieillissement des vétéranes et vétérans axée sur un vieillissement en bonne santé pour mieux satisfaire les besoins des vétérans et vétéranes et de leurs proches et aidants non rémunérés.
Les membres de la cohorte actuelle de vétéranes et vétérans ont presque tous servi dans les Forces armées canadiennes (FAC) après 1954, y compris ceux et celles qui ont pris part à des opérations de combat en ex-Yougoslavie et en Afghanistan. Certains de ces vétéranes et vétérans sont aux prises avec des taux plus élevés de problèmes de dos et d’audition, d’arthrite, de douleur chronique, d’anxiété, de dépression et de trouble de stress post-traumatique (TSPT) que d’autres Canadiens d’âge et de sexe comparables.
Leurs problèmes de santé physique et mentale les exposent au risque de vieillir plus vite et de devenir fragiles, ce qui accroît leur risque de perdre des capacités fonctionnelles ou d’avoir besoin de soins de longue durée à mesure qu’ils vieillissent.
En fait, près du quart des vétéranes et vétérans libérés des forces armées entre 1998 et 2018 ont besoin d’aide concernant au moins une activité fonctionnelle de la vie quotidienne et la très grande majorité d’entre eux comptent sur les soins dispensés par leur conjoint ou partenaire. Pourtant, un nombre considérable de vétéranes et vétérans — près du quart — vivent seuls, ce qui accroît leur risque d’isolement social et peut faire en sorte qu’il est pour eux plus difficile de vieillir chez eux aussi longtemps que possible — ce que la plupart des vétéranes et vétérans veulent.
Les vétéranes et vétérans d’aujourd’hui sont plus diversifiés que ceux des générations précédentes et on compte dans leurs rangs un plus grand nombre de femmes, d’Autochtones, de personnes racisées et de membres de la communauté 2ELGBTQI+. Les expériences et les défis particuliers des vétéranes et vétérans membres de groupes privés d’équité ont souvent été négligés, d’où des lacunes dans nos connaissances sur les meilleurs moyens de satisfaire leurs besoins à mesure qu’ils vieillissent, notamment pour ce qui est de dispenser des soins culturellement adaptés et tenant compte des traumatismes.
Anciens Combattants Canada (ACC) a été un chef de file dans l’élaboration de programmes qui aident les vétéranes et vétérans à rester chez eux aussi longtemps que possible. Le Programme pour l’autonomie des anciens combattants (PAAC) — qui offre un soutien financier pour des services tels que l’entretien ménager, la préparation des repas, l’entretien des terrains et les soins personnels des vétéranes et vétérans à domicile — en est un très bon exemple.
Le PAAC est très aimé des vétéranes et vétérans canadiens et il a également été adopté ailleurs, d’autres pays offrant des programmes similaires à leurs vétéranes et vétérans. Le PAAC est une base solide sur laquelle le gouvernement peut établir une stratégie permettant aux vétéranes et vétérans de vieillir en bonne santé.
Investir dans des programmes et des services qui mettent l’accent sur la promotion de la santé, notamment pour ce qui est de retarder ou de prévenir la fragilité, offre l’occasion de reconnaître de manière proactive les problèmes de santé potentiels et de réagir avant que ceux‑ci se manifestent ou s’aggravent, ce qui aide à garder un plus grand nombre de vétéranes et vétérans chez eux et hors de milieux de soins de longue durée plus coûteux aussi longtemps que possible.
Étant donné la proportion élevée des problèmes de santé mentale touchant les vétéranes et vétérans, la stratégie sur le vieillissement doit également inclure l’expansion ou l’élaboration de nouvelles mesures de soutien en matière de santé mentale pour les vétéranes et vétérans qui se débattent de plus en plus avec l’anxiété, la dépression, le trouble de stress post-traumatique et les défis connexes.
Reconnaissant le rôle crucial des aidants non rémunérés qui aident les vétéranes et vétérans à vieillir dans leur milieu, le gouvernement devrait également examiner les ressources qu’il leur offre pour faire en sorte qu’ils soient autonomes. Les conjoints et partenaires des vétéranes et vétérans peuvent eux-mêmes être confrontés à des problèmes de santé physique et mentale, à l’épuisement ou à une instabilité financière. En conséquence, une stratégie sur le vieillissement visant les vétéranes et vétérans doit inclure le bon mélange de mesures de soutien pour leurs aidants non rémunérés.
Il faut également investir davantage dans la recherche sur le vieillissement des vétéranes et vétérans – notamment en ce qui concerne le trouble de stress post-traumatique et la démence et les besoins des vétéranes et vétérans membres de groupes privés d’équité — pour mieux comprendre et ensuite combler les lacunes en matière de soins et de services.
À mesure que les vétéranes et vétérans vieillissent, les défis auxquels ceux‑ci et les proches sont confrontés ne peuvent que s’intensifier. Le gouvernement doit, pour satisfaire leurs besoins, adopter et soutenir une stratégie sur le vieillissement en bonne santé. Après leurs années de service et de sacrifice, nos vétéranes et vétérans ne méritent rien de moins.
Photo gracieuseté de DespositPhoto