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La pandémie de COVID-19 a déclenché une crise d’états confusionnels qui se poursuit dans les hôpitaux

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Les patients malades dans un état confusionnel ne doivent plus jamais être isolés de leurs proches aidants

Les aînés sont ceux qui ont été les plus touchés par la pandémie de COVID-19. Si les Canadiens de 60 ans et plus représentent seulement 20 % de la population, ils composent 69,5% de l’ensemble des hospitalisations liées à la COVID-19 et la plupart, soit 91,7 %, de l’ensemble des décès liés à la COVID-19.

L’absence de soins efficaces en cas d’état confusionnel représente un aspect des soins de santé qui a reçu très peu d’attention pendant la pandémie.

Un état confusionnel est un état de confusion soudain et inquiétant qui survient chez près de la moitié des aînés hospitalisés. Il est habituellement déclenché par un changement dans l’état de santé, par exemple une infection ou une intervention chirurgicale, et il est souvent de courte durée. Toutefois, il peut parfois causer un déficit cognitif à long terme qui augmente le risque de démence.

Heureusement, il existe des stratégies simples pour prévenir ou atténuer les cas d’état confusionnel. Dans nos propres pratiques, nous avons constaté l’efficacité d’une approche qui favorise la présence des proches aidants, qui encourage la mobilité et qui réduit au minimum la perturbation des habitudes de consommation d’aliments et de boissons et du sommeil.

Dans un article d’opinion paru en mai 2020 dans le New York Times, Dre Sharon Inouye, gériatre, a émis une mise en garde selon laquelle l’abandon d’un grand nombre d’approches de soins simples allait causer une épidémie aggravant la vulnérabilité des aînés dans le contexte de la pandémie. Malheureusement, elle avait raison.

En effet, notre étude récemment publiée dans la revue JAMA Network Open montre que la crainte d’une épidémie d’états confusionnels était fondée. Nous avons observé qu’au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19, les aînés hospitalisés en Ontario ont été plus nombreux à présenter un état confusionnel et ont reçu un plus grand nombre de sédatifs au moment de leur congé qu’avant la pandémie.

Les perturbations dans les soins en cas d’état confusionnel pendant la pandémie en sont en partie la cause. La pénurie de personnel et de bénévoles, les restrictions liées aux visiteurs et les règles de prévention des infections ont diminué les interactions avec les patients et les occasions de recourir à des approches non médicamenteuses pour prévenir et prendre en charge les cas d’état confusionnel.

Les résultats de notre étude sont particulièrement alarmants puisque d’énormes progrès ont été accomplis en matière de soins aux patients dans un état confusionnel au cours des 30 dernières années. Des initiatives comme les hôpitaux adaptés aux aînés, les unités de soins aigus aux aînés et les programmes d’activités en milieu hospitalier pour les aînésse sont multipliées partout au Canada. Notre étude révèle une nette tendance à la baisse des ordonnances de somnifères, qui peuvent être nocifs et entraîner une dépendance, remises aux aînés après leur départ de l’hôpital au cours des trois années qui ont précédé la pandémie.

La COVID-19 a ruiné les progrès accomplis au prix de grands efforts. Même deux ans après le début de la pandémie, la quantité de nouvelles ordonnances de sédatifs provenant des hôpitaux n’est pas revenue à ce qu’elle était avant la pandémie.

Comment inverser ces dangereuses tendances?

L’automne et l’hiver apporteront probablement une vague saisonnière de maladies virales comme la grippe, les infections par le virus respiratoire syncytial et la COVID-19. Les hôpitaux et les systèmes de soins de santé devront bientôt prendre des décisions par rapport aux politiques sur les visiteurs et les bénévoles en cas d’éclosion virale.

Voici comment nous pouvons réduire au minimum l’incidence des cas d’état confusionnel :

  1. Mettre en œuvre des politiques axées sur la prestation de soins empreints de dignité, en particulier chez les aînés atteints d’un déficit cognitif, qui ne peuvent pas toujours défendre leurs intérêts.
  2. Renouveler les efforts hospitaliers pour imposer la souplesse des visites dans les hôpitaux à l’échelle nationale et mettre en œuvre les stratégies de soins simples et fondées sur les données probantes qui sont nécessaires pour prévenir et prendre en charge les cas d’état confusionnel.
  3. Remédier aux pénuries de personnel qui frappent les établissements de soins de santé partout au pays et redoubler d’efforts pour bâtir et maintenir des milieux de soins de santé adaptés aux aînés.

Les patients malades dans un état confusionnel ne doivent plus jamais être isolés de leurs proches aidants.

Nous devons retrouver une norme de soins aux aînés qui permet de réduire au minimum le nombre de cas d’état confusionnel et les ordonnances de sédatifs et prodiguer à notre population vieillissante des soins humains qui contribuent à préserver l’indépendance et les capacités cognitives des aînés tout au long de leur hospitalisation.

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