Home Français La médecine de précision offre aux patients atteints de cancer de meilleures chances de survie, alors pourquoi les faire attendre?

La médecine de précision offre aux patients atteints de cancer de meilleures chances de survie, alors pourquoi les faire attendre?

by Louise Binder
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Il est temps que nos gouvernements s’attaquent à la fragmentation des systèmes de santé et à la complexité des modèles de réglementation et de tarification qui bloquent l’accès aux thérapies innovantes dont les personnes atteintes d’un cancer ont besoin pour survivre

Une révolution dans la façon dont nous traitons le cancer est en cours.

Au lieu de l’approche traditionnelle d’ablation et de brûlage pour le traitement du cancer, la médecine de précision — ou oncologie de précision — nous permet d’attaquer les tumeurs de manière ciblée, de réduire les effets secondaires et les dommages causés aux cellules saines, et d’augmenter les chances de succès du traitement. Cela signifie également que le bon traitement contre le cancer est administré au bon patient, à la bonne dose et au bon moment. Les patients atteints de cancer ont plus que jamais la possibilité de vivre plus longtemps, de jouir d’une meilleure qualité de vie et, surtout, de survivre à cette maladie dévastatrice.

Néanmoins, pour plusieurs Canadiennes et Canadiens atteints d’un cancer, la complexité des modèles de réglementation et d’approbation des prix ainsi que la fragmentation des systèmes de santé rendent ces thérapies innovantes impossibles d’accès. Cela doit changer.

Dans notre récent rapport, Se sentir mieux, plus rapidement plus rapidement : Optimiser l’accès aux médicaments de précision dans la foulée de la révolution des traitements anticancéreux, nous décrivons plusieurs politiques gouvernementales qui ralentissent les progrès de l’oncologie de précision au Canada et les mesures que nous devons prendre pour les surmonter.

L’un des principaux obstacles est la longueur et la complexité du processus d’approbation réglementaire des nouvelles thérapies au Canada, surtout par rapport aux autres pays de l’OCDE. Un processus excessivement bureaucratique enlise la conception et le suivi des essais cliniques dans la paperasse, ce qui ralentit les approbations de Santé Canada. Par conséquent, les Canadiennes et Canadiens se voient refuser des traitements qui sont déjà disponibles dans d’autres parties du monde, comme les États-Unis ou l’Europe

Le processus obsolète de fixation des prix des nouveaux médicaments au Canada ainsi que la mauvaise collecte des données sont deux autres obstacles qui ralentissent l’accès à l’oncologie de précision. Les gouvernements doivent réformer les systèmes de financement des médicaments afin de mieux harmoniser la couverture des coûts des médicaments avec les objectifs de rendement. Cependant, l’absence de systèmes de données solides dans certaines provinces — notamment l’Ontario et le Québec — permettant de suivre les données réelles sur les médicaments empêche les gouvernements d’adopter de nouvelles formules de financement des médicaments.

L’approche fragmentée du Canada en matière de prestation de soins de santé est également problématique. En ce qui concerne le financement public des médicaments, chaque province et territoire a ses propres critères d’admissibilité, règles de financement et liste de traitements couverts. Cela mène à un accès inégal dans l’ensemble du Canada, les médicaments étant couverts par les régimes d’assurance maladie provinciaux dans certaines régions, mais pas dans d’autres. Ceci est particulièrement problématique pour les traitements oncologiques de précision par voie orale, qui sont souvent pris à domicile. Comme les patients ne sont pas hospitalisés pour le traitement, certaines régions ne couvrent pas le coût des médicaments. Cela oblige les patients à trouver des moyens de payer eux-mêmes ces médicaments vitaux ou de les obtenir par l’entremise de leur régime privé d’assurance-médicaments – s’ils ont la chance d’en avoir un. Le régime d’assurance-médicaments promis depuis longtemps par le gouvernement fédéral pourrait contribuer à réduire les disparités régionales en matière de couverture des médicaments, à condition qu’il n’ait pas pour effet de réduire la couverture des personnes admissibles à une assurance-médicaments.

La mise en œuvre d’un système pancanadien robuste et adaptable, garantissant des accords mutuellement négociés avec l’industrie pharmaceutique qui sont conformes à nos priorités en matière de soins de santé, constitue un autre facteur clé pour garantir un système solide permettant un accès rapide aux médicaments de précision contre le cancer les plus sûrs et efficaces.

Pour faire progresser la médecine de précision, il est temps que nos gouvernements emploient un modèle de soins de santé basé sur la valeur, cette dernière étant mesurée pour le patient, et pas seulement pour le régime de santé, l’hôpital, le médecin ou l’employeur. L’accent devrait être mis sur l’amélioration de la vie des patients, en mesurant non seulement les résultats, mais aussi des facteurs critiques tels que le temps de rétablissement et la qualité de vie.

Les gouvernements et les organismes de réglementation doivent agir maintenant pour apporter ces changements. Les patients atteints de cancer n’ont pas le luxe de pouvoir attendre. Ils ont besoin d’accéder aux avancées en matière de traitement, y compris la médecine de précision, dès maintenant.

Leur vie en dépend.

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