Dans les discussions actuelles sur le projet de loi 15, le point focal est sur les changements au niveau de la gestion du système de la santé qui visent, semble-t-il, des améliorations concrètes pour les patients. (https://www.lapresse.ca/actualites/editoriaux/2023-10-28/et-le-patient-dans-tout-ca.php)
Comme c’est souvent le cas les patients n’ont qu’une faible voix lors des prises de décisions. Comme Stéphanie Grammond souligne dans son éditorial, le projet de loi 15 ne semble pas écrit par les gens du terrain qui ont le pouls des patients.
L’automne dernier, notre équipe de recherche NosSoins a recueilli les commentaires de plus de 9000 Canadiens, dont plus de 2500 Québécois, sur leurs expériences avec les services de première ligne, et sur la façon dont ils souhaitent voir le système évoluer (www.ourcare.ca ). Au cours des six derniers mois, 31 Québécoises et Québécois se sont portés bénévoles et ont investi plus de 30 heures de leur temps pour s’informer auprès des experts du domaine et délibérer sur les défis et les possibilités d’améliorer les services de première ligne. Dans leur rapport publié, ils décrivent 34 recommandations pour un système qui répond à leurs valeurs et priorités.
Sans surprise, l’équité et l’accessibilité aux services de première ligne sont les principaux problèmes identifiés qui, selon nos panélistes citoyens, doivent être résolus. Quelles sont donc les solutions proposées ?
Les services de première ligne sont l’une des principales composantes d’un système de santé performant. Malgré certaines améliorations depuis plus vingt ans, plusieurs rapports publiés dans les dernières années indiquent que les services de première ligne au Québec et Canada sont moins performants que ceux des autres pays développés.
Le Québec est l’une des provinces les plus avancées au Canada et dans le monde sur le développement d’un modèle d’équipe interprofessionnelle. Toutefois, ces équipes ne sont pas toujours efficaces et la plupart des services sont encore donnés ou prescrits par les médecins uniquement. Les citoyens recommandent donc de renforcer et optimiser la collaboration interprofessionnelle selon les modèles innovants existants et d’augmenter l’autonomie des différents types de professionnels.
Ils souhaitent également que les patients soient davantage outillés afin de jouer un rôle central dans leurs soins. Ils proposent plusieurs stratégies pour développer des capacités chez les patients dont des campagnes d’éducation à la santé, le développement d’outils numériques et des formations accessibles au public. Les citoyens recommandent une promotion de la pertinence des soins (le bon soin pour le bon patient au bon moment) auprès des patients et des professionnels.
Selon le panel citoyen il faut améliorer l’accès aux dossiers médicaux électroniques pour les patients et les professionnels. Le temps des professionnels consacré aux tâches administratives à faible valeur devrait être réduit ou même éliminé.
Ils recommandent de bonifier le financement en recherche sur les services de première ligne. De plus, toute innovation ou nouvel investissement devrait être évalué pour s’assurer de sa pertinence et sa réponse aux besoins des citoyens.
Finalement, le panel citoyen a rappelé l’importance de donner une voix aux membres du public dans les prises de décisions. Ils souhaitent que des représentants des citoyens soient davantage impliqués dans les processus décisionnels.
Nous avons eu l’occasion de donner la voix à un panel citoyen du Québec. Nous avons entendu des recommandations pour un système plus équitable et transparent, basées sur les priorités réfléchies et bien définies. Nous lançons maintenant la balle aux instances décisionnelles pour incorporer les attentes de la population dans la réforme du système.
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